La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

232 Correspondance d' A. Bailly - 1649-1650 Jugés en vous mesmes, Monsieur. I l n ' y a pas un prestre à la Sainte Maison de Tonon capable de prescher, ni de confesser, puisqu 'à leur tour, il faut qu ' ils fas­ sent prescher ou nos peres, ou les capucins. Ils ont pres de 3000. ducatons de rente, qu' ils mettent dans leurs goussets, et il faut que de pauvres religieux qui confessent toute la ville, enseignent cinq heures tous les jours, et brisent leurs poumons dans les chaires, soient les objets de la persecution de ces faineants, et du roy de la chiquane. Certes cela est / (f°l v) insupportable. { Gillette se vante de faire sortir de Savoye les P.P. DomCecile et le P. Dom Fla­ vien4, qui sont les seuls religieux instruits de nos affaires. Vous voiés la mali­ ce. II est vray que le premier est milanois, mais il y a plus de 30. ans qu' il est en Savoye. Doctissimus, piissimus, fidelissimus. Je repons de tous deux. Le der­ nier est savoiard, et le meilleur homme du monde. } c C'est pourquoi, Monsieur, je conjure tout le fond de la bonté que vous avés pour la moindre partie de ce corps, de vous rendre par pitié intercesseur auprés de M.R. pour moi, et de la disposer à escrire à ce plaideur perpetuel de mettre le procés au crocqs jusques à Pasques pour les raisons que j 'escris à Madame6_ Il faudra aussi, s ' il vous plaist, escrire aux deux Premiers Presidents de Sa­ voye?, aux enfans desquels Gillete promet les meilleurs debris de nostre mai­ son. Faites moi, s ' il vous plaist, Monsieur, cette graced m 'en donnante des as­ seurances par le premier ordinaire. { Je vous supplie tres humblement d' inserer dans la reponce de M.R., si elle m'en fait quelqu ' une, qu'elle aura la bonté de nous proteger, afinque nos peres voient que les services que j ' essaie de rendre à M.R. leur sont utiles. ) f Aprés avoir escrit à Madame Royale l a réponce que l a Reyne a faite à nos bour­ geois de Paris sur le retour du Roy8, j ' ay entretenu le plus ancien, et qui a por­ té la parolle9, qui m' a dit que Sa Magesté leur repondit que le Roy avoit autant, 4 Cecilio Boerio ( 1582-1 666), né à Castelnuovo Scrivia, dans le duché de Milan; Flavien Mar­ tines ( 1 610- 1 670), savoyard. Ils étaient tous deux religieux barnabites. Cf. Menologio (. . . ), cit., pp. 160 et 406. 5 L'expression mettre un proces au crocq signifiait arrêter de le poursuivre. 6 Bailly devait se rendre en Italie après le Carême 1 650, cf. lett. 1 45. 7 Janus d 'Oncieu, premier président du Sénat de Savoie et François de Bertrand, sieur de La Per­ ouse, président de la Chambre des Comptes. 8 Cf. lett. 145, n. 1 1 . 9 D'après les Registres de /'Hôtel de Ville, t. II, pp. 42-46, Je porte-parole était Jérôme Le Féron. Son discours est transcrit aux pp. 42-45.

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