La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

254 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 Lettre 155 A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 54, fasc. l , lett. 58/1 Destinataire: Lieu et date: Support: Autres mentions: Monsieur Saint-Thomas Paris, 17 septembre 1 649 1 feuillet (f° 1v blanc) f01 v: 1 7 septembre 1 649, Pere Bailly Je suis un coureur juré. Je reviens des champs , et d ' une tres belle maison, où l ' on m ' a tant roulé, et fait causer que j ' en suis enroué à ne pouvoir par­ ler. Jugés si ma peine est grande. Le temps y a beaucoup contribué, qui nous a donné tout d ' un coup une automne tres humide, tres froide, et tres ven­ teuse. J'escris à nostre Maistresse d' une affaire assés delicate, et importante 1 • Je vous supplie, Monsieur, de luy donner ma lettre en particulier, et en secret. Une personne d'autorité m' a asseuré que M. le Cardinal, l 'entretenant, lui dict qu'il fallait necessairement faire la paix, et qu 'il n'y avoit plus moien de subsister. Nos affaires ne vont point bien. M. le Prince se fasche2, mais les politiques croient que sa colere ne luy sera pas utile. Ce ne sont pas mes affaires. Dieu pro- I Il s'agit de la proposition de marier Emmanuel-Philibert de Savoie-Carignan, aîné du prince Thomas, avec Marguerite-Yolande, fille du duc Victor-Amédée I de Savoie et de Christine de France, dont il a été question dans la lettre précédente. 2 Le 14 septembre, au Palais-Royal, le cardinal Mazarin avait demandé au prince de Condé de si­ gner le contrat de mariage entre le duc de Mercoeur et Laura Mancini, mais le Prince refusa, sous prétexte que son frère le duc de Longueville n'avait pas reçu le gouvernement du Pont-de­ L'Arche, promis lors de la paix de Saint-Germain; en réalité, le mariage en question aurait fait tomber tous les espoirs de Condé d'obtenir 1 'Amirauté: en effet, selon le contrat de mariage, el­ le serait attribuée au duc de Vendôme. Une rupture violente mit fin à cette rencontre, mais le jour suivant, la reine et le Cardinal chargèrent Le Tellier et le duc d'Orléans de la réconciliation, qui