La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
258 Correspondance d'A . Bailly - 1649-1650 l'ont empesché, et ne veulent point que M. le Cardinal sorte du ministere, prevoiant bien que ceux qui pretendraient occuper sa place, occuperaient peut estre les meilleures portions du Royaume, ou y exciteraient une guerre civile. Tant y a qu'on a pris occasion, et sujet de refuser cette assemblée sur les vacations du Parlement, et qu'on verroit quel train prendrait la chose d'ici à la Saint-Martin9. Tout l'exte1ieur, ou tout l'apparent du sujet de la colere de M. Je P1ince est l'al liance que Son Eminence pretendoit faire avec la maison de Vandosme 1 0; au moins jusques à present il n ' a rien demandé pour soy, ni allegué que cette seule cause de sa rupture" · Il dit qu'il s 'etoit jetté aveuglement dans le parti de Son Eminence, qu'il Je craioit, et le tenoit pour son intime, et meilleur amy, et qu' il y a apparence qu'il ne repondoit pas à son amitié, puisqu'il vouloit s'allier avec ses ennemis. Mais les plus politiques pensent que c'est un pretexte, et qu' il doit avoir quelque autremartel en teste1 2. V.A. en aprendra le detail par ses nouveaux\ora teurs/b, car c 'est leur charge, et partant je m'impose silence sur cette matiere. Madame la p[rincesse] de C[arignan] ne va point à la Court, et on ne croit pas qu 'elle se resolve d ' y aller si tost 1 3. Madame la Chanceliere 1 4 me dit hier que le mariage de Mademoiselle de Lon- 9 La Saint-Martin fixait la fin des vacations du Parlement, qui avaient commencé le 7 septembre. ID C'est-à-dire, le mariage entre le duc de Mercoeur, aîné du duc de Vendôme, et la nièce du Car dinal, Laura Mancini. 1 1 Le gazetier du ms. f.fr . 25025 écrivait au sujet des prétentions du prince de Condé: "On asseure qu'il n'y eut que le gouvernement du Pont de l'Arche, qui luy fut accordé pour le duc de Lon gueville et que fa Reyne luy dit que quant à ses interests personnels, elle luy avait asseuré la jouissance des villes de Clermont, Stenay et Jametz par le moyen d'ung traitté qu'elle avait faict avec Madame de Lorraine, comme vraye heritiere de tout ce qui despend du duché de Lorreine, laquelle cederoit à M. le Prince touttes les pretensions qu'elle pourrait avoir sur ces trois villes, moyenant 800 mille escus qu'on luy donnerait, et que pour le traicté de Sedan elle le ferait regler dans cette semaine, afin que le duc de Bouillon fut satisfaict" (Fl 0 1 ). 1 2Cf. lett. 1 55, n. 2. En effet, l 'intention de Condé était celle de supplanter le Cardinal auprès d'Anne d'Autriche et d'avoir lui-même le pouvoir dont était revêtu Mazarin. l 3 Pour les causes de la brouille entre la princesse de Carignan et la cour, cf. lett. 1 43, n. 5; elle ne se reconcilia qu'au mois de février 1 650, lors du voyage de la cour en Normandie (cf. les mémoires de Mlle de Montpensier, op. cil., p. 63a). 1 4 Marie-Magdeleine Fabri ( 1 598-1 683 ), fille de Jean Fabri, seigneur de Champauzé, trésorier de l'extraordinaire des guerres et femme du chancelier Séguier. Elle s'était mariée en 1 6 1 5, mais Tallemant des Réaux rapporte les bruits de ses relations amoureuses avec le comte d'Harcourt, le marquis Alexandre de Clermont de Sesac Lodève el avec un chanoine de Notre-Dame appelé Claude Thévenin (op. cil. , t. l, pp. 6 1 2-13); une mazarinade intitulée Le Silence au bout des doigts fait allusion à la passion de la Chancelière pour les chapelets.
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