La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
262 Correspondance d'A. Bailly - 1 649-1650 tir à un mariage qui relevait entierement sa maison4, la liaison qu 'on a remar qué entre luy, et ce Prince depuis le voyage de S.A. en Bourgognes, la protec tion qu ' i l rend aux frondeurs, cette foule de monde qui le suit6, les civilités qu'il rend à chacun contre sa coutume, et lesa visitesb aux frondeurs jusques à Colomb7: toutes ces choses font croire que ce conquerant du dehors8 pourrait bien mediter de l 'estre des meilleures pieces du dedans, et que sa rupture avec M. le Cardinal est un temoignage de l ' integrité de Son Eminence qui peut estre est choquée pour ne vouloir laisser demembrer le royaume, et laquelle voudrait abbatre, comme on abbat les digues qui arrestent le cours impetueux des tor rents. Dieu nous aide. Pour M. [Charpi],c 9 il n ' est pas temps de parler de son affaire, et il faut abso lument que les ministres soient changés pour la faire. Elle est plus importante que vous ne pensés. Je suis sans reserve, et avec respect Monsieur vostre tres humble, tres obeissant, et tres obligé serviteur en nostre Seigneur D. A. Bally 4 Sur l ' alliance que l'on avait proposée au duc de Beaufort avec Mademoiselle de Longueville ou avec Mademoiselle de Chevreuse, cf. lett. 1 32, n. 5. 5 Condé était parti pour son gouvernement de Bourgogne le 8 juin, y était arrivé le 22 et en était revenu la dernière semaine de juillet (cf. lett. 1 40, n. 8). Cette liaison entre le prince de Condé et le duc de Beaufort avait été remarquée aussi par l'ambassadeur Ponte (A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 53, fasc. l , lett. 91/I du 24 septembre 1 649, f"2v): "lncredibile è il concor so, che si vede al Palazzo di detto Principe [Condé] : Beaufort, aitre volte puoco suo confidente, si vede adesso seco strettamente unito. (...)" et par l 'auteur du ms. f. fr. 25025, f0 J04r. 6 Après la brouille de Condé avec le Cardinal, les frondeurs se hâtèrent d'offrir leurs services au Prince, dans l 'intention de l'engager dans leur parti. J. Vallier (op. cit., t. II, pp. 3-4) confirme qu'un grand nombre de personne se rendait dans cette période chez Condé: "Excepté M . de Ven dôme, M. de Mercoeur, les maréchaux d'Estrées, de Schomberg, du Plessis et de Villeroy et peu d'autres, tout le reste furent à ! 'Hôtel de Condé ( ... ) . " 7 Jean Coulon, cf. lett. 1 42, n. 22. 8 L'allusion se réfère aux succès militaires de Condé, qui à vingt-deux ans était déjà devenu un héros pour sa victoire contre les Espagnols à Rocroi ( 1 643); successivement, il avait pris Thion ville en 1 644, Fribourg en Brisgau et une partie du Palatinat, Mayence, Landau et Nordlingen en 1 645, Dunkerque en 1 646; malgré la défaite de Lérida en Espagne ( 1 647), il obtint d'importants succès ! 'année suivante contre l 'arn1ée espagnole et démontra la suprématie militaire et politique de la France. 9 Sur ce personnage, qui avait été impliqué dans une histoire de fausses lettres de noblesse avec Louis Machon et qui s 'était réfugié au Piémont après avoir passé quelque temps à Naples, cf. lett. 1 13, 1 26 et la correspondance de Bailly pour l 'année 1 648.
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