La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Etude linguistique du texte 2 1 En ce qui concerne l ' accent circonflexe, son emploi est dans l 'ensemble assez rare; i l est utilisé pour indiquer l ' allongement d ' une voyelle conséquent à la suppression d 'une voyelle en hiatus: en plus du cas du substantif âge, déjà si­ gnalé plus haut, on trouve un accent circonflexe sur quelques noms (agrêment, lett. 1 7 1 ) , quelques adverbes (aveuglément, lett. 99), sur le radical de quelques verbes (assûrer, lett. 1 45) et sur quelques participes (pû, lett. 1 1 6). Plus rare­ ment, et contrairement à l 'usage qui sera établi par le Dictionnaire de l'Acadé­ mie, Bailly se sert de l ' accent circonflexe pour indiquer la chute d'un -s, com­ me dans le cas de fût, soit passé simple soit imparfait du subjonctif; toutefois l 'emploi de l ' accent dans ces cas n ' est pas régulier, ni caractéristique des formes du subjonctif ( cf. pour en donner un autre quifut general, lett. 1 24 ; cet­ te nouvellefut aussitost sceue, lett. 1 20; quoiqu ' on ne lui eut encore accordé (. .. ), lett. 1 1 4; que la conference continuat, lett. 1 08). Quant aux autres signes diacritiques, la diérèse et la cédille sont utilisées de fa­ çon très épisodique; parfois, la diérèse indique la présence d ' un hiatus comme dans j'ai eü (lett. l 05), ancïen (lett. 99): Mais dans la même lettre, on trouve les part.passés veüe et veu (lett. 1 22). La cédille est employée irrégulièrement sur­ tout pour le verbe sçavoir (sçaura, mais aussi scaura, sçait mais aussi scait). L'utilisation de l ' apostrophe est plus régulière; les cas où elle n ' est pas utilisée sont assez rares (dabord, lett. 1 06; on ne me la ditte, lett. 1 25). Parfois elle est utilisée aussi pour indiquer l ' él ision de -e muet (r' emplacement, r' appeler, r' ouvrir etc .).Dans deux cas seulement son emploi nous semble arbitraire (d' es nouvelles, lett. 1 22; d' aigne, lett. 1 45 ) . 2. Phonétique Nos manuscrits montrent quelques-unes des hésitations les plus fréquentes dans le timbre des voyelles, particulièrement les postérieures; nous citerons à titre d'exemple le cas du substantif couche (<lat. *caudica), lett. 1 35, qui atteste la pro­ nonciation ' ouiste' du résultat de l'évolution de -au latin2. Cette prononciation, que C.Thurot3 a montré être répandue tant dans la province que dans la capita­ le, n 'était pas acceptée dans la langue cultivée; il n 'est pas sans raison donc que 2 P. FOUCHÉ, Phonétique historique dufrançais. Paris, Klincksieck, 1 966, 3 vols, t. II, pp. 299, 2 1 0- 1 1 . 3 C. THUROT, La Prononciation . française, Genève, Slatkine Reprints, 1 966, 2 vols, t . 1 , pp. 1 35- 36.

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