La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre J58 265 verité de ce vers: "Conveniunt rebus nomina saepe suis"5. Puisqu 'estant grand parleur, mon nom, par la faveur d ' une tres desobligeante anagramme, exprime à la lettre, naturellement, et sans violence mon babil. ' Albert Bally. Le Ba­ billiart '6. L'anagrame / ( f' l v) est bonne, quoique je sois tres marri d'avoir si bien rencontré. Que voutés-vous, on peut se repentir de trop faire. L'excés est viti é ux. Et pour retourner d'où je suis parti, nos Messieurs et nos Dames penserent me di­ viser d'avec moi mesme, mecredy3 me menant en deux carrosses àMaison7 pour continuer les homages, et les venerations que je rends tous les ans à ce chef d'euvre de l ' architecture, et le grand ornement de tous nos palais des champs. C'est une maison que M. le President de ce noms a commencé de faire batir il y a douze ans, etb il y a consumé tant de cent mille escus, et sans hyperbole, qu'on dit communement à Paris que la maison de Monsieur le president de Maison a ruiné sa maison. Il espere que la charge de sur-intendant qu'on luy promet9 (et qui est maintenant à ceux qu'on doit recompenser, ce qu'estoit au­ tresfois la fille d ' un duc de Bourgogne à tous les souverains NON MARI É S) pourra remplacer ces magnifiques depences, et achever ce mausolée de sa bource. Mais admirés cet homme qui, dans / (f'2r) le mesme moment qu'on publie qu ' il est ruiné, envoie pour cinquante mille escus de meubles à Maison, et achepte le marquisat de Sablé pour cent mille escuslü. Tant y a que je vis ce superbe batiment avec transport. La court de cinquante toises de longueur, et 5 Cf. H. WALTNER, Proverbia Sententiaeque latinitatis Medii et recemioris aevi. Gottingen, Yan­ derhoeck et Ruprecht, 1 982, 3 vols, t. 1, p. 428. 6 Cette anagramme avait déjà été mentionnée par Bailly dans sa lettre du 28 mai 1 648 à la duchesse de Savoie. 7 En 1 642, le président de Maisons avait chargé l'architecte François Mansart de la construction d'un château sur le domaine de Maisons; le bâtiment, édifié à l'orée de la forêt, sur un emplacement qui domine la Seine, était achevé pour la plus grande partie en 1646; il était prêt en 1 650, lorsque le président de Maisons fut nommé surintendant des finances. Cf. R. MouSNlER, Paris capitale au temps de Richelieu el de Mazarin, Paris, Pedone, 1 978, p. 1 35. 8 René de Longueil, sieur de Maisons. 9 Le surintendant des finances La Meilleraye avait démissionné le 8 avril (cf. lett. 1 1 2, n. 4) et depuis cette date on n'avait pas encore désigné son successeur; celui-ci sera nommé le 6 no­ vembre 1 649, en la personne de Michel Particelli d 'Emery. 1 0 Une note d' A. Adam aux Historiettes de Tallemant (op. cil., t. I, p. 1 1 5 1 ) nous renseigne sur la questiondu marquisat de Sablé; à lamort de son mari, la marquise de Sablé (Madeleine de Souvré, femme de Philippe-Emmanuel de Laval, marquis de Sablé) désirait vendre le plus rapidement possible les terres de son mari pour parvenir le plus tôt possible aux instances d'ordre. A cet effet,

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