La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

266 Correspondance d'A . Bailly - 1649-1650 de 25 . de largeur est entourée de deux rangs de balustrades admirables, et epou­ vente les spectateurs exposant à leurs yeux des fossés tres profonds, et tres larges, qui ont des bastions revetus de grands quartiers de pierre de taille pour murailles, et pour rempars. Le dedans est si somptueux que je n'ai ni le temps, ni l 'eloquence, quoi que je sois le Babillard,c qui me serait necessaire pour vous en faire une mediocre description. Tout ce que je puis vous dire, en ajou­ tant, c 'est que quand il vous plairra de venir vous y recreer, je vous ferei voir toute la maison sans rien doner au concierge, car nous avons l'honeur de conduire, et de confesser Mademoiselle de Maison 1 1 , la chere fille / (f'°2v) de M. le President. Mais voulés vous que je vous dise franchement mon senti­ ment, et mon gout? Quoique cette maison soit tres belle, et environée d 'une in­ finité de parterres, de parcs, et de la belle Seine, neantmoins j ' aime m ieux le Valentin 12. Ses marbres, ses perrons, sesd simetries ne se trouvent point dans Maison, et s ' il plaist à Dieu, ! 'estéprochein j 'en veux contempler à loisir toutes les beautés grandes, et petites, et en aporter le plan 1 3 . Des messieurs, exagerant elle pria René de Longueil, sieur de Maisons et son fils Jean de Longueil de solliciter à leur pro­ fit, contre elle et les héritiers du défunt, arrêt d'adjudication des terres de son mari. Ceux-ci y consentirent et les décrets d'adjudication furent obtenus le 30 août 1 648 et le 27 août 1 649. Tou­ tefois Urbain de Laval-Boisdauphin, père du défunt, qui avait acheté en 1593 les terres de Sablé, s'en empara malgré le décret d'adjudication du Parlement de Paris. Un long procès s'ensuivit. qui termina par une transaction en forme d'articles par laquelle le fils de la marquise s'obligea au paiement des frais et à la restitution des fruits dont il s'était indûment emparé. En 1 654, le marquisat de Sablé fut vendu à Abel Servient. 1 1 Marie-Renée de Longueil, mademoiselle de Maisons (morte en 1 7 1 2); elle était la fille de Re­ né de Longueil (cf. lett. 1 1 2, n. 6), premier président à la Cour des Aides, et de Madeleine Bou­ lenc de Crèvecoeur; en 1 656, elle épousa Charles-Maximilien-Antoine de Belleforière, marquis de Soyecourt. Dictionnaire de la Noblesse (. .. ). cit., t. XII, col. 30 1 , t. Il, col. 859-60. 1 2 Le château du Valentin, situé à Turin sur la rive gauche du Pô, fut fait bâtir à partir de 1 563 par Emmanuel Philibert de Savoie, sur l 'emplacement d'une villa achetée par le duc au président Renato Birago; en effet, le nom du bâtiment semble avoir son origine dans celui de la femme de Birago, Valentina Balbiano di Chieri. Mais c 'est surtout à partir de 1 630 que le château fut trans­ formé en un palais magnifique, par le duc Victor-Amédée 1 et par sa femme, Christine de France, qui aimait beaucoup le bâtiment et le paysage des alentours. Les architectes Carlo et Amedeo di Castellamonte terminèrent en 1 660 la construction de cette "vénérie" très élégante et raffinée, conçue dans un style français qui valorisait la beauté de la nature. A l 'intérieur, les décorations fu­ rent réalisées par des stucateurs suisses et le mobilier était particulièrement précieux. Le Valentin, qui fut très endommagé à l'époque de Napoléon, est aujourd'hui le siège de la faculté d'Architec­ ture de Turin. Cf. G. Vrco, Il Real Castello del Valentino, Torino, 1854; B. SIGNORELLI, Per una nuova storia del Castello del Valentino e del suo comprensorio, "Bollettino della Società Piemon­ tese di Archeologia e Belle Arti", 25-26, 1 97 1 - 1972, pp. 1 09-32; AA. VV., Il Valentino. Sintesi sro­ rica e metodologica per ilprogetto, Torino, 1 986. 1 3 Bailly arriva à Turin au début demai 1650, après avoir prêché I 'Avent et le Carême à Chambéry.

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