La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre l 61 279 Il est vray que les rentiers de la Maison de Ville se sont remis en / (f03r) cam­ pagne, et demandent qu'on represente Messieurs des gabelles8. H ier le Prevost des Marchands9, accompagné des eschevins, en alla donner advis à M. le Chan­ celier, et luy dit que M. le duc de Beaufort, et M. le Coadjuteur les fomentaient, et mesme les menaient dans leurs carrosses chez les juges qu ' il s sollicitaient avec grande vigueur. Mais ce ne sont que cent frippons qu' on ne creint point, et que la fortune du Ministre pourra facilement ranger à la raison. Fortune si grande, qu 'on tient pour asseuré que le mariage de sa niepce se fera malgré touts les obstacles qu'on y a apartésI O. Au reste, Madame, on admire ici la prudence, la generasité, et l 'affection de V.A.R., laquelle, au mesme temps qu'on craioit, et qu 'on publioitb qu'elle suc­ comberait aux efforts de l 'Espagnol, ou qu'elle suivrait l 'exemple du duc de Modene 1 1 , les a honteusement chassés, et d'Oneille, et de Ceva12, et s 'est maintenue invinciblement attachée aux interests de la courane. Je viens de recevoir une lettre de l 'Abbesse du Val de Grace1 3 , qui m 'offre sa chaire pour prescher les advents devant la Reyne les jours qu'elle y va, qui sont 8 Sur la question des rentiers de ! ' Hôtel de Ville, cf. lett. 158, n. 17. 9 Jérôme Le Féron, mort en 1 669, conseiller au Parlement de Paris en 1 627, puis président à la Chambre des Enquêtes. Il avait été élu prévôt des marchands en 1 646. IO Une des conditions de l'accord entre Condé et Mazarin signé au mois de septembre était que le mariage entre le duc de Mercoeur et la nièce du Cardinal, Laura Mancini, n'aurait pas lieu; d'ailleurs, Mazarin avait enfermé ses nièces au Val-de-Grâce et elles y restèrent jusqu'en janvier 1 650, après l'arrestation des Princes. 1 1 Francesco 1 d'Este, duc de Modène ( 1610- 1 658), fils d'Alfonso III d'Este et d'Isabelle de Savoie; pendant la guerre de Trente Ans, il avait été d'abord allié de l'Espagne contre la France, mais à par­ tir de 1647 il se tourna vers la France; pour le pousser à s'armer contre ses anciens alliés, Mazarin le fit nommer général de l'armée française en Italie. P. LITIA, op. cil., fasc. XXVI, tab. XVI. Vers la moitié du mois de septembre, les espagnols combattant contre l ' armée piémontaise avaient attaqué les villes d'Alba et Ceva, mais le siège de cette ville fut levé vers le 1 8 sep­ tembre, grâce à l'action des troupes du marquis de Verrua et de celles commandées par le lieute­ nant général de l'am1ée française au Piémont, marquis de Saint-Aunez (cf. lett. 154, n. 1 ) . Quant à Oneglia, située sur la côte occidentale de la Ligurie, elle avait été prise par les espagnols le 30 août, mais à la fin du mois de septembre les troupes du capitaine savoyard Dusoviquet assiégè­ rent la ville, laissée dégarnie par les espagnols et remportèrent la victoire. Sur ces deux évène­ ments, cf. Socini, op. cil., livraisons du 1 8 septembre (Ceva) et du 29 septembre (Oneglia). 13 A la mort de Louise de Milly, qu'Anne d'Autriche avait rappelée au couvent du Val-de-Grâ­ ce, où elle était abbesse avant l 'avènement de Richelieu, lui succéda Marie de Bourges. Elle fut élue le 1 3 août 1 637 et resta en charge jusqu'en 1 649. Puisque les abbesses du Val-de-Grâce étaient élues tous les trois ans, elle fut donc élue quatre fois. La nouvelle abbesse fut nommée le 14 février 1 650. Ga/lia Christiana, cit., t. VII, p. 1 46.

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