La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
282 Correspondance d'A. Bailly - 1 649-1650 amour propre, Dieu merci, je suis exempt de cette maladie, mais mes petits amis frondent, et me touchent un peu, outre la chaire du Val de Grace, qu'on m'offre6, qui est sans contredit la premiere, et la plus recherchée de Paris. Mais il faut passer par dessus toutes ces considerations, et je ne veux point du tout me dispenser de l 'Advent que j ' ay promis; nos satrapes de Savoie ne sont pas si aisés à gouverner que nos Parisiens. Au reste, mon cher medecin de La Chambre va estre second medecin de la per sone du Roy, le premier, qui est M. Vautier7, n 'en aiant point voulu souffrir d'autre. Il paie cette charge 460000. mille [sic] l ivres, on luy en / (f°2r) a fait rabais de 20000. Madame Royale aura un homme asseuré auprés de Sa Magesté, qui luy sçaura dire à propos le mot à l ' oreille, et luy parler de nostre royale penitente avenirs. Et je prie Dieu que ce qu 'il l uy en dira, luy fasse aprés trouver son poux plus elevé. M. le vidame d'Amiens9 fronde contre M. le Cardinal parcequ'il luy a refusé la survivance de M. son perelO (qu'on va tailler) ' ' au gouvernement d'Auvergne. 6 Dans la lettre 1 6 1 , Bailly avait annoncé que l 'abbesse du Val-de-Grâce lui avait proposé de prêcher l' Avent de 1 649 à la présence de la reine Anne d'Autriche. 7 François Vautier ( 1580- 1 652), premier médecin du roi; il avait été aussi le médecin de confian ce de Marie de Médicis. Cf. TALLEMANT des RÉAUX, op. cit., t. I, pp. 243-45. 8 Adélaïde de Savoie. 9 Henri-Louis d'Albert, duc de Chaulnes, cf. lett. 1 35. 10 Honoré d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes, mort en 1 649), lieutenant général en Picardie en 1 620 et gouverneur de cette province en 1 633; il fut nommé gouverneur d'Auvergne en 1 643, lorsqu'il dut céder le gouvernement de Picardie à Elbeuf. Toutefois, depuis 1 644, on avait pro mis au duc de Bouillon, comme récompense pour la principauté de Sedan, plusieurs territoires parmi lesquels était comprise l 'Auvergne; la paix de Rueil, au mois d'avril 1649, avait confirmé cet accord et au mois d'octobre, le duc de Bouillon demanda l 'exécution des conditions du traité; O. Talon (op. cit., p. 364) dit que "M. le duc de Chaulnes, gouverneur d'Auvergne, s'est alarmé de cette exécution, s'imaginant que sa qualité de gouverneur seroit peu de chose si M. le duc de Bouillon étoit propriétaire de la province: les officiers du Roi ont eu crainte, et avec raison, que leurs charges ne reçussent une grande diminution; de sorte qu'ils se sont opposés, sous le nom du Tiers-Etat de la province, soutenant que le roi ne devoit pas, et que la reine ne pouvoit pendant la minorité, aliéner le domaine du roi". Il ajoute aussi que cette opposition se révélait utile à la reine, qui visait à refuser au duc de Bouillon cette province. Dans ces conditions, le fils aîné du duc de Chaulnes se vit refuser la survivance du gouvernement de son père, qui mourut le 30 octobre; d'après J. Vallier, op. cit., t. Il, p. 24, le nouveau duc de Chaulnes "eut bien l 'audace de mander à M . le Cardinal, par un gentilhomme exprès, qu'il n'étoit pas son serviteur." 1 1 L'abbé Mondino (A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 53, fasc. 3, lett. 46/6 du premier octobre 1 649, f"3) informait la duchesse de Savoie que le duc de Chaulnes était atteint de la ma ladie de la pierre.
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