La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Le/Ire 1 63 285 Il y a eu quelque petite emotion ces jours passés, causée par les orfevres, et que M. le Lieutenant Criminel\ qui est ceans, vient de me racompter en cette sorte. La Reyne, pressée durant nos desordres, voulut engager toutes les pierreries de la courone6, et ne trouvant persane qui voulut luy prester de l 'argent sur ces gages delicats, s ' avisa d 'engager le grand buffet que feu M. le CardinaF don na au Roy, et la balustrade de son l ict, qui peut bien valoir cent mille francs. Pour cet effet elle donna brevet à Madame la duchesse d 'Aiguillons pour faire cet engagement pour un temps, et paier les interests de la somme qu'on aurait prestée, avec cette condition mesme que le temps du rembourcement estant ve nu, les creanciers someroient la Duchesse / (f03r) de paier devant que proceder à la vente des gages. Le terme donc estant expiré, et la debitrice pretendue aiant consigné 9. mille livres pour les interests echeus, elle demande la restitution de ses gages offrant le paie ment des sommes prestées, ce que tout le monde trouve juste, et raisonable. Mais les creanciers, par une jurisprudence toute nouvelle, font passer l 'engagement p our une veritable vente, et disent qu'ils ont acheté, et fondu cette argenterie. Ce qui est ridicule, puisqu 'elle vaut 44. livres le marc, et ils ne l 'ont prise que pour la valeur de 24., outre que les gages ne se prescrivent jamais. Tant y a que, la Reyne aiant mandé le Lieutenant Criminel pour faire contreindre cesa orfevres creanciers, et cetui-ci leur aiant envoié des commis saires, les autres ont fait vacarme, et tué un commissaire. Et quand on veut les obliger à rendre les gages, ils prenent les armes, et excitent sedition. 5 Jacques Tardieu. 6 Une lettre de l'abbé Mondino (A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 53, fasc. 2, lett. 58/4) informait la duchesse de Savoie que "per far mover l'armata navale dalla Rochella versso Bordeaux ha bisognato impegnar gioie della corona." 7 Armand-Jean du Plessis, cardinal puis duc de Richelieu ( 1 585- 1 642), secrétaire d'état en 1 6 1 6, cardinal en 1 622 et premier ministre du roi Louis XIII en 1 624. 8 Marie-Madeleine de Vignerot, marquise de Combalet, duchesse d'Aiguillon ( 1 604- 1 675), cf. lett. 122, n. 7; en 1 620 elle avait épouséAntoine de Grimoard de Beauvoir duRoure, marquis de Com balet. Restée veuve en 1 622, elle fut nommée deux ans après dame d'atours de Marie de Médicis et dès 1 638, elle devint duchesse d'Aiguillon grâce à son oncle, le cardinal de Richelieu, qui racheta les terres de ce duché et les fit donner à sa nièce. A la mort du Cardinal, elle fut nommée tutrice de ses neveux. Pieuse et charitable, elle contribua beaucoup aux œuvres de saint François de Paule. DBF, t. 1, col. 920-24; TALLEMANT des RÉAUX, op. cit., t. l, pp. 304-1 1 , 980-90.
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