La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

286 Correspondance d'A . Bailly - 1649-1650 On tient pour asseuré le mariage de M. de Mercoeur, et de Mademoiselle Man­ chini. Quelque persone qui [a] de grandes habitudes chez le pretendu contrac­ tant m' a dict que la mere9 avoit signé depuis deux jours, et que pour flechir M. le Prince, on luy IO donnoit l 'Admirauté, e t que l uy cedoit s a charge de Grand Maistre de ! ' Hotel du Roy 1 1 à M. de Mercoeur. J ' avois escrit, Madame, à V.A .R. par le dernier ordinaire que le Parlement estoit dissout pendant les feries, et que les Chambres des Enquestes ne pou­ vaient point entrer dans celle des Vacations 1 2 , mais les frondeurs ont trouvé une ordonance qui leur en permet l ' entrée avec voix deliberative, mais qu ' ils n ' auront aucune part aux espisse s l 3 .f (f04r) En suitte de quoi, ils se sont assemblés sur les affaires de Bordeaux, et de Provence, et si utilement pour le service du Roy, qu 'on n ' y a conclu que de tres humbles remontrances à faire à Sa Magestél4, qui est la plus douce voie, et le plus juste expedient que des sujets puissent prendre, comme il est le seul qu 'ils doivent embrasser, estant certain qu ' on ne peut, en conscience, se servir d ' autres armes contre le souverain que de celles des remontrances, et des prieres, quand mesme son 9 Françoise de Lorraine, duchesse de Vendôme, cf. lett. 1 22, n. 5. 1 0 C'est à dire, le prince de Condé. Sur la question du mariage de la nièce du Cardinal avec le duc de Mercoeur, cf. lett. 1 1 8, n. 8, 1 35, n. 20, 1 55, n. 2. 1 1 Le grand maître de l 'Hotel du Roi était un officier de la maison domestique du roi, appartenant au département dit de la 'bouche du roi'; il avait juridiction sur les sept offices de la bouche du roi (gobelet, cuisine-bouche, paneterie-commun, échansonnerie-commun, cuisine-commun, fruiterie, fourrière) et recevait le sem1ent de fidélité des officiers du gobelet et de la bouche. Cf. M. MARION, op. cil., p. 347. 12 Cf. lett. 1 59, n. 6. l 3 Il s'agit encore de la question des députés de Bordeaux et de Provence; les épices étaient d'abord des menus présents faits aux juges, puis devinrent une redevance obligatoire en argent. Il s'agissait d'une coutume non établie mais ayant pris des proportions scandaleuses. Elle ne fut légitimisée qu'en 1673. Cf. M. MARION, op. cil., p. 2 1 2. 1 4 Pour la fronde bordelaise, cf. lett. 1 59. A la suite de la capitulation du château Trompette et de la successive destruction des fortifications érigées par le duc d'Epernon, la Chambre des Vacations vota des remontrances au sujet de la conduite du gouverneur de Guyenne et chargea le président Novion de les porter à la reine. Ces remontrances furent examinées au Conseil du roi, où Condé soutint le Parlement de Bordeaux et proposa un accomodement re­ fusé par la reine; finalement, celle-ci fit répondre au Parlement par le Chancelier qu 'elle n'examinerait pas cette affaire tant que les bordelais ne seraient pas revenus à l 'obéissance. P.G. LORRIS, op. cil., pp. 1 28-29; pour les assemblées des 1 9, 20 et 2 1 octobre sur la ques­ tion des députés bordelais et provençaux, le récit du gazetier anonyme (ms. f. fr. 25025, ff. l 1 5v- 1 1 6r) concorde avec celui de Bailly. Quant à la Provence, depuis 1 648 le Parlement d'Aix était en lutte avec le gouverneur de la province, Louis de Valois, comte d' Alais qui avait établi le semestre et enlevé à la ville d'Aix le droit de nommer ses consuls; pendant

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