La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
288 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 cent mille escus de bien. Madame Bonaut 1 7, sa tante, I 'avoit menée en Touraine se divertir, et comme elle voioit les meilleures compagnies de la province, cet abbé d'Amboise la veit, et crut que l'epousant, il pourrait resigner ses benefices à quel qu'autre qui n'aurait pas envie de se marier corne luy. Il executa son dessein de for ce, voiant bien qu' il n'en viendrait jamais à bout\autrement/. Et pour cet effet, pre nant occasion d'une promenade, il fit enlever la fille, le pere, et tout ce qui estoit dans leur carrosse, sans leur donner la peine de mettre pied à terre, n'y mettant du sien qu'un cocher, qui les mena dans une petite ville distante douze lieues de Tours, où le ravisseur, et toute sa troupe, est assiegé par les prevost des mareschaux, et par les amis du pere de la fille. / (f'Sr) Chacun blâme etrangement cette hardiesse, car la fille n ' a qu 'onze ans. Et on croit que le Roy n'aura pas tant de peine à faire sortir cet abbé de la ville assiegée, qu'on en eut pour faire vuider Trin à son frere 1 8. Quoique le parricide Cromuel l 9, assisté sans doubte de l 'esprit, et des bras des demons, ait pris d'assaut Tragheda20, on croit neantmoins ici que \ses/b charmes finiront bien tost, parceque toute l 'Irlande, et toute ] 'Escosse entrent en fureur contre luy, et veulent tout de bon r ' etablir leur Roy. Il y a plus d ' intelligence que jamais entre M. le Prince, M. le duc de Lon gueville, Madame la duchesse de Longueville2 1 , et M. le Cardinal. Et les fron- 1 7 Il s'agit de la femme de Thomas Bonneau, frère de Charles Bonneau, procureur du roi au Châte let (cf. ms. f. fr. 25025, f0l l 5r: aM. d'Amboise (...) enleva (...) une fille unique d'un riche bourgeois de Paris nommé Fleuriau, parente du procureur du Roy au Châtelet de Paris"); Thomas Bonneau, se crétaire du roi et des finances avait épouséAnne Pallu, sœur de Victor Pallu, originaire deTours, doc teur en médecine (cf. Guy Patin, op. cit., t. I, p. 1 25). La sœur du père de Thomas et Charles Bon neau, Marie, avait épousé Pierre Fleuriau, père de Charles. Bibliothèque Nationale de France, ms. f. fr. 29655, Dossiers Bleus n. 1 1 0 et Pièces Originales, n. 408 s.v. Bonneau. l 8 Antoine d' Amboise avait été gouverneur de Trin et Christine en avait demandé ! 'éloignement à la fin de 1 648; en effet, au début de 1 649, il avait laissé ce gouvernement et était retourné en France. Cf. G. CLARETIA, Storia dellaReggenza ( ...), cit., t. II, pp. 279-80. 19 Oliver Cromwell. 20 Recte: Drogheda; l 'Irlande et l'Ecosse s 'étaient déclarées contre le Commonwealth. L'aimée de Cromwell avait débarqué en Irlande au mois d'août et Drogheda, défendue par Ormonde, s'était rendue le 9 septembre. Par la suite, les victoires de Cromwell se multiplièrent et au mois de décembre, la situation était si défavorable au roi qu 'Orn10nde demanda de pouvoir quitter le royaume, ce qui ne lui fut pas octroyé. 21 Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville ( 1 6 1 9- 1 679), sœur des princes de Condé et de Conti, deuxième femme de Henri II d'Orléans, duc de Longueville; ce fut elle qui ralliaConti et son mari au parti de la Fronde, tandis qu'au cours du blocus de Paris elle s'installa à ! 'Hôtel de Ville avec la duchesse de Bouillon et y accoucha d'un enfant, qu'elle appela Charles-Pa ris (29 janvier). Après l'arrestation des Princes, en janvier 1 650, elle s'enfuit en No1mandie et en
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