La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
. : .. Lettre 163 289 deurs, desesperés d'avoir perdu ce puissant chef, n ' ont que leurs ancienes re sources22. Ce Prince dit qu 'une femme luy a fait commettre une etrange faute une fois en sa vie, mais qu'aucune ne le fera tomber en une seconde. Il veut parler de Madame la duchesse de Longueville, qui pour se venger, dit-on, du mauvais accueil qu'on luy fit à Compiegne, porta ce genereux frere à l 'equipée qu ' il fit23. On a f a it tout ce qu'on a pû pour faire retourner M[adame] la p[rincesse] de C[arignan] à la Court, mais y aiant temoigné beaucoup de difficulté, on ne la presse plus24. Hollande, puis elle entama des négociations avec la cour pour la libération des prisonniers. Peu de temps après leur libération, elle se convertit et mena une vie retirée, vouée au mysticisme. Au mois d'octobre 1 649 elle avait sollicité les tabourets pourMme de Marcillac et pourla marquise de Pons (cf. lett. 1 6 1 , n. l ); P. ERLANGER, Madame de Longueville, de larévolteau mysticisme, paris. Perrin, 1977; J. DEBû-BRJDEL, Anne-Geneviève de Bourhon, duchesse de Longueville, Paris, Gallimard, 1 960; 1. DELPECH, L'âme de la Fronde, Mme deLongueville, Paris, Fayard, 1 957. Sur l'entente pré tendue entre le Prince, le Cardinal et la duchesse de Longueville, les mémoires de P. LENET (Mé moiresde PierreLenet, op. cit. , p. 1 99) témoignent plutôt le contraire; lors de la réconciliation entre Condé et Mazarin, le mémorialiste rapporte ce dialogue entre le Prince et sa sœur: "-Eh bien, ma sœur, le Mazarin et moi ne sommes plus que deux testes en un bonnet. - Bien, lui répondit serieusement la duchesse, mon frère, je prie Dieu que vous ne perdiez pas tous vos amis et votre crédit, que l 'abbé de La Rivière ni M. le duc d'Orléans ne vous rendront pas, et encore moins le cardinal et la Reine." (p. 1 97). Lors de la deuxième brouille entre le Prince et le Cardinal, Mme de Longueville essaya par tout moyen d'empêcher une nouvelle réconciliation (ihid., pp. 203-204). 22 Un des premiers résultats de la réconciliation entre Condé et Mazarin, survenue à la fin du mois de septembre, fut la rupture entre le Prince et les frondeurs, qui avaient espéré d'obtenir son appui. Par conséquent, quelques jours après la signature du traité secret entre le Prince et le Car dinal, des conférences secrètes eurent lieu entre celui-ci et les chefs de la Fronde, en particulier avec le duc de Beaufort (par l ' intermédiaire de la maîtresse de celui-ci, la duchesse de Montba zon) et avec la duchesse de Chevreuse. 23 A ce propos, Mme de Motteville écrivait dans ses Mémoires (op. cit., p. 287): "Aussitôt le re tour du cardinal Mazarin [le 22 juilletj, le prince de Condé revint de Bourgogne ( ...) et comme il n'était pas encore résolu de s ' abandonner à toutes les passions d'une sœur qui ne le gouvernait pas toujours autant qu 'elle le souhaitait, il parut avoir la même chaleur pour les intérêts de la Rei ne que par le passé. Madame de Longueville, qui tâchait par mille soins de changer son esprit, avait déjà tellement altéré celui demadame la princesse, que depuis la paix elle n'avoit point vu la reine, et paraissait en tous ses discours entièrement refroidie pour elle. Cette princesse fron deuse, après avoir fait ce grand changement en la personne de madame la princesse sa mère, pour raccomoder M. le prince son frère avec les peuples, fit courir le bruit qu'il était devenu dévot en son voyage (... ). Elle faisait toutes ces chose en lui disant qu'il serait trop heureux un jour de suivre ses conseils, et en lui prédisant qu'il se repentirait de la protection qu'il avait donnée jusques là au cardinal Mazarin.". 24 Sur la rupture de la princesse de Carignan avec la cour, à cause du banquet en l 'honneur du roi d'Angleterre, cf. lett. 1 43 .
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