La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

24 Correspondance d' A. Bailly - 1649-1650 Pour ce qui est des formes de l 'article défini et indéfini, Bailly utilise le systè­ me hérité du xv1 e siècle, à l 'exception de l ' article contracté es. Malgré la liberté d 'emploi qui caractérise la langue du XVIIe siècle, Bailly utili­ se régulièrement l ' article, dans presque tous les cas où il est de rigueur de nos jours; seules quelques exceptions sont à remarquer, surtout devant un complé­ ment directl4. Nous signalons notamment les locutions du genre demanderper­ mission (lett. 1 03, mais obtenir lapermission, lett. 1 1 1 ) , donner conseil (lett. 1 53) et à onze heures de nuit (lett. 1 28), où l ' article défini est omis; au contraire, dans les expressions donner le tort à (lett. 1 26), sen1ir d' un ornement à (lett. 1 1 6), l ' utilisation de l 'article n 'est plus admise dans la langue moderne. En outre, Bailly ne se sert jamais de l ' article après tous suivi d ' un nom de nombre (tous deux, tous trois), ni avec grand dans des locutions du type avoir grandsoin de; il y a grand nombre de; vousmeferiés grandegracede (lett. 1 73). Il est également à remarquer l ' absence d'article dans quelques superlatifs absolus coordonnés (cf. lett. 1 08, la plus importante, et plus malaisée à. . ; lett. 1 26, au meilleur, et plus digne des mes amis; mais lett. 1 42 , laplus longue, et la plus agreable). c. Adjectifs et pronoms Bailly fait normalement ) ' accord de l 'adjectif qualificatif avec le substantif au­ quel il se rapporte, à l 'exception de quelques cas sporadiques, que l ' on serait tenté de considérer comme des bavures dues à la rapidité d'écriture (cf., par exemple, leur chevaux, lett. 1 26); un cas régulier d'absence d 'accord concerne le numéral cent: il est toujours au singulier dans nos lettres ( deux centfrancs, lett. 1 22 ; cinq cent ducatons de rente, lett. 1 84). L'adjectif grand est rarement utilisé sous sa forme épicène: les formes du gen­ re grand' rumeur (lett. 1 1 6), Grand'chambre (lett. 1 64) alternent avec les formes féminines grande rumeur (lett. 1 27), Grande Chambre (lett. 204). Le nom propre Grande Bretagne n 'alterne jamais avec la forme épicène, pourtant assez commune à l 'époque. Quant à l ' adjectif demi, Bailly suit de façon inconstante la norme fixée par Vaugelas: devant le substantif il est le plus souvent invariable (je me sers de ceste demi�feuille, lett. 1 8 1 ); après le substantif, il est accordé dans quelques 14 A. HAASE, Syntaxefrançaise du XVII e siècle, traduite et remaniée par M. Obert, Paris, Dela­ grave, 1 969, par. 75, p. 1 21.

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