La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

294 Correspondance d'A. Bailly - 1 649-1650 Londres n 'est point venu il y a quinze jours, ce qui donne fondement de croire que les affaires du Parlement ne vont pas bien. Dieu le veuille. J'attans avec des tremblements la feuille de Londres, quoique je creins qu'il n ' y en aura point en­ core pour ce coup, puisque j 'escris à cinq heures du soir, et je n 'en vois point; et d'ordinaire on me l ' aporte de bon mattin. Neantmoins je ne desespere pas de l ' avoir par l 'ordinaire de Calais. Tant y a que le Louvre est dans une grande joye. Il y a un peu plus de confusion dans le Palais Cardinal. On y delibere beaucoup de choses, et on ne les termine pas. On parlait de donner l ' admirauté à M. le Prince, et le baston de Grand Maistre de ! 'Hotel à M. le duc de Vandôme, le gouvernement de Bretagne à M. le duc d'Orleans, celuy de Languedoc à la Reyne, la lieutenance à M. le mareschal de Scomberg4, les Suisses dont il est colonel à M. le duc de Longue-Ville à condition qu'il renoncera au Pont de ! 'Arches, et la super-intendance des finances à Monsieur d 'Avaux. De toutes ces propositions, il n 'y en a encore qu' une de bien arrestée, qui est la demiere6. / (f°3r) Quelques uns disent que M. Je duc de Vandosme ne veut point demordre 4 Charles de Schomberg, duc d'Hallewin (mort en 1 656), maréchal de France en 1 637, avait combattu en Savoie en 1 630 et avait été gouvernement du Languedoc et de la citadelle de Mont­ pellier, colonel-général des Suisses et vice-roi de Catalogne. Dictionnaire de la Noblesse, cit., t. XVIII, col. 440. 5 La gazette ms. (f. fr. 25025, f" l 20r, 29 octobre 1 649) concorde exactement avec le texte de Bailly; en outre, le gazetier ajoute que l'on parlait de donner le gouvernement de Guyenne au comte d'Harcourt et de recompenser l'actuel gouverneur de cette province, Epernon, par le gou­ vernement d'Alsace. Il explique aussi que les raisons de ces changements seraient à rechercher dans la fronde bordelaise, qui semblait sur le point de chasser le duc d'Epemon: les changements dans l'attribution des gouvernements serviraient donc à "mettre à couvert l'autorité royale" (f" l 20v); plus tard (f" l 23) il explique aussi que ces changements ne furent pas mis en pratique à cause des difficultés que cela ne manquerait pas de créer à l 'intérieur de la cour. Un passage des carnets de Mazarin daté du 2 novembre (cité parA. CHÉRUEL, op. cil., t. III, p. 3 15) confirme l'aspiration à l'amirauté de la part de Condé à cette époque; d'ailleurs, la raison de son opposition au mariage Mercoeur-Mancini était que l'on avait promis l'amirauté au duc de Ven­ dôme en échange de son consentiment à cette alliance. La charge de Grand Maître d'Hôtel, offerte au duc de Vendôme au lieu de l ' amirauté, était occupée par le prince de Condé, tandis que le gouvernement de Bretagne, comme le dit Bailly plus haut. appartenait à la reine, qui l 'avait gardé pour elle avec l'amirauté à la mort du duc de Brézé, en 1 646 (cf. lett. 1 28, n. 4); toutefois, la Bretagne avait été promise au duc de Longueville lors de la paix de Saint-Germain: de là la nécessité de donner à ce dernier une charge très prestigieuse, comme ! 'était celle de capitaine des Cent Suisses. Quant à la charge de lieutenant du Languedoc, elle avait été demandée par le maréchal de Schonberg déjà à l'époque où il avait été à Munster. 6 Après la démission de La Meilleraye, le 8 avril, les finances avaient été administrées par deux directeurs, d' Haligre et Morangis. Le gazetier du ms. f. fr. 25025, f"l 20v concorde avec ce que rapporte Bailly, et indique comme candidats possibles à la surintendance des finances Particelli d'Hémery, La Vieuville et le président de Maisons. Mme de Motteville (op. cil., pp. 299-300)

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