La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 165 295 de l 'admirauté, soutenant qu'elle luy est deüe, et qu'on luy fait justice, et non pas grace de la luy donner. J ' ay autresfois escrit ses raisons à V.A ..7 La Reyne a dit tout haut qu'elle avoit l ' admirauté, et le gouvernement de Bre­ tagne, et qu 'elle ne s 'en deferoit jamais, que le mariage de M. de Mercoeur avec la niepce de Son Eminence ne se fit. Quelques mouchards, pour penetrer dans les volontés de la Reyne, luy pro­ poserent ces jours passés qu ' i l es toit bien de faire un sur-intendant, et qu 'ef­ fectivement les finances decherroient notablement, estant administrées par commissions. Elle repondit qu'ils avaient raison, et qu 'elle avoit pensé d ' y aporter un prompt remede par la creation d ' un nouveau \<;ur/-intendant ca­ pable de cette charge, et qui l 'exercerait conjoinctement avec M. Davaux9. Ces adroits repondirent qu'on faisait courir le bruit que Sa Magesté avoit dessein de remplir cette importante charge de la persane de M. La Vieu-Vil­ Je !O, ou de celles de M. le president de Maison, et d 'Emeri . La Reyne, qui est ornée d ' une admirable sincerité, repliqua aussitost que les deux premiers en estaient indignes, le premier par ses caprices, et le dernier par ses meschan­ cetés, et qu ' i l n ' y avoit que M. d' Emeri qui meritat, par son incomparable ca­ pacité, cette dignité. cite comme successeurs probables à la surintendance le président de Maisons et Charles de La Vieuville; Guy Patin (op. cit., t. I, p. 83), dans une lettre du 3 novembre, indique comme candi­ dats possibles Maisons (qu'il qualifie d"'animal mazarinique, homme dangereux, fin et rusé"), Avaux ("fort habile et aimé"), La Vieuville ("mais les partisans lui ont donné l'exclusion") et Emery, qui fut effectivement nommé surintendant le 6 novembre. Emery avait été destitué de la charge de surintendant au mois de juillet 1 648 et sa place avait été donnée à La Meilleraye. A propos du choix d'Emery, J. Vallier écrit (op. cit., t. Il, p. 26): "Tout le monde ne [pouvait] assez s'étonner que la Reine eût remis la direction souveraine des finances et le maniement des affaires principales entre les mains cl' une personne si généralement haïe de tous les peuples et de tous les officiers du royaume comme étoit celle dudit Sr d'Hemery." 7 Ici, Bailly fait peut-être allusion à la lettre 1 28. 8 Cf. supra, note 6. 9 Claude de Mesmes, comte cl' Avaux; en effet, le surintendant Emery fut assisté dans l 'adminis­ tration des finances par le comte cl' Avaux, mais celui-ci n'avait que des pouvoirs honorifiques (cf. MONTGLAT, op. cit., p. 221 ). 1 0 Charles deLa Vieuville (vers 1 590- 1 653) avait été surintendant des finances de 1 623 à 1 624; arrêté et emprisonné par Richelieu à Amboise, il s'était évadé et avait trouvé asile à Bruxelles; rentré en France en 1 643, il fut à nouveau surintendant en 1 65 l. Dictionnaire de la Noblesse, cit., t. XIX, col. 724.

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