La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Etude lin&uistique du texte 25 cas, mais le plus souvent il reste invariable ( à sept heures et demi, Iett. 209). Quant aux degrés d ' intensité de l ' adjectif qualificatif, la forme synthétique du superlatif absolu est dans l ' ensemble assez rare 1 5 ; seules deux acceptions sont présentes dans nos lettres, soit les formes bellissime (lett. 1 39) et rarissime, (lett. 1 47). On pourrait assimiler à ces superlatifs les substantifs clarissime (lett. 1 47) et generalissime, adjectifs substantivés construits à l 'époque de Ri­ chelieu à l 'exemple des italianismes doctissime, excellentissime, illustrissime et acceptés par Balzac 1 6 . Quant aux adverbes utilisés pour marquer le superla­ tif, Bailly se sert le plus souvent de très. Fort est dans l 'ensemble plus rare (cf. fort belle.fort aisé.fort petite et aussi fort partagé.fort remués.fort rempli. La structure trop plus, considérée archaïque vers la moitié du siècle, n'apparaît pas dans nos lettres). Le démonstratif cetui est encore utilisé comme pronom, suivi de 1 ' adverbe -ci, à la place de celui (cf. lett. 2 1 0, Ainsi, ou elles sont reconciliées, ou elles sauvent les apparences. Et cetui-ci est plus certain que l ' autre ; lett. 2 1 2, El ­ le me dit que Mademoiselle estant hors d' espoir d' epouser l' Empereur, en avait pour l'alliance du Roy, et que cetui-ci venant encor ' à manquer {. . . ) ; lett. 1 1 7, Ce Parlement là estpresque aussi capritieux que cetui-ci; lett. 1 28 , l a plenitude est plus de vostre costé que de cestui-ci). Ce est régulièrement utilisé devant le quantième du mois (De Paris, ce 8 janvier, lett. 1 00), tan­ dis que ces est utilisé parfois à la place du possessif ses et vice-versa (cf. lett. 1 30 , 1 34, 1 28 ) . Par contre, l ' interrogation indirecte n ' est plus construite avec qui, que seul s 1 7 . De même, une idée exprimée par une proposition en­ tière fonctionnant comme antécédant du relatif est toujours reprise à l ' aide du démonstratif ce (J'ay eu /' honeur d' avoirparu en chaire en deux ans de­ vant trois Reynes ( . . .) , ce que je ne crois pas qui soit peut estre jamais arri­ vé qu ' à moi (lett. 1 59)). Exceptionnell ement, l 'adjectif démonstratif est uti­ lisé à la place de l 'article défini, comme dans la lett. 1 26 ( cet article de mon horrible paresse 1 8) . Ce pronom neutre est parfois omis devant l e verbe être dans les phrases intro- 15 F. BRUNOT, op. cit., pp. 283-84; G. SPILLEBOUT, Grammaire de la languefrançaise du xv11e siècle, Paris, Picard, 1985 ("Connaissance des langues"), p. 35. 1 6 F. BRUNOT, op. cit., p. 284. 1 7 G. GOUGENHEIM, Grammairede la languefrançaise auXVI e siècle, Lyon, l . A . C . , 195 1 , p. 97; A. HAASE, op. cil., par. 35, p. 67. 1 8 A. HAASE, op. cit., pp. 4 1 -42.

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