La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 1 75 32 1 Voici donc un sujet plus grave. Mes petits amis m'escrivirent par le courrier ex traordinaire 1 3 que M. le marquis de la Boulaie1 4, et toute la fronderie en sa per sane, aiant essaié inutilement de soulever de nouveau nos chers bourgeois, n 'avoit rien obtenu; qu ' au contraire on l 'avait mal traité par les rues de Paris, et que le Parlement avoit deputé des commissaires pour informer contre ce frondeur, et contre les autres qui s 'assemblaient chez le Coadjuteur, au preju dice du bien de l ' Estat l S . Ç'a esté, Madame, une insigne prudence de la court de commander au Parlement de faire ces informations, c 'estoit tout ce qu'il de siroit, et il faut necessairement que, pour son honeur, il chatie les frondeurs comme criminels de lese majesté, et ne Je faisant pas, le crime estant public comme il est, le Roy aurait toute la justice de son costé, et un beau sujet de l 'exposer aux yeux de ses peuples. En un mot, concluent mes lettres, nous croions que voici le dernier coup, et le dernier effort des frondeurs. Dieu le veuille, par sa sainte grace, et sur tout que V.A.R. soit eternellement comblée de tout le bonheur qu'elle merite, et qu'elle ait la bonté de me permettre de me dire toute ma vie Madame de V.A.R. le tres humble, tres obeissant, et tres obligé serviteur en Nostre Sei gneur D. A. Ball y religieux barnabite 13 Cf. lettre A. M. E- 1 . 14 Maximilien Eschalart, marquis de La Boulaye, cf. lett. 1 06, n. 3. 15 Le I l décembre, un faux attentat contre Guy Joly, secrétaire du Coadjuteur et élu syndic des rentiers de !'Hôtel de Ville, eut lieu sur le Pont-Neuf: Joly s'était fait une blessure peu dange reuse au bras et au moment où son carrosse traversait le pont, un coup de pistolet fut tiré pour si muler un assassinat. La Boulaie, avec le président Charton essayèrent sans succès de soulever la population et se rendirent au Palais de Justice pour dénoncer un complot contre les syndics des rentiers. Le soir du même jour, des domestiques du prince de Condé furent attaqués, eux aussi sur le Pont-Neufet l 'un d'eux fut dangereusement blessé. Le prince de Condé interpréta les deux attentats comme autant de tentatives de le tuer et demanda justice. Le Parlement décida qu'une enquête serait faite par les gens du roi et que le rapport serait fait à l'assemblée des Chambres. Bailly attribue la responsabilité de ces attentats à La Boulaye et aux frondeurs, mais d'autres pensaient que La Boulaye avait agi de concert avec Mazarin: celui-ci aurait essayé par ce moyen d'exciter une sédition pour mettre aux prises la vieille et la nouvelle Fronde et se débarrasser du Prince qui dominait la cour. Une discussion des termes de la question, sous un point de vue fa vorable à Mazarin, est présente dans ! 'ouvrage de Chéruel (op. cit., pp. 322-33).
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