La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

28 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1 650 Lequel, dont l 'usage était très développé au siècle précédent27, mais qui était considéré vieilli vers la moitié du xvn e siècle, sert encore à représenter un substantif qui le précède immédiatement, surtout en fonction de complément d'objet direct28: la bienseance dudit Rive, lequelje vous supplie avoirpour re­ commandé, lett. 1 00-A; ces ( . . .) off'ences dignes de punition, et lesquelles neantmoins / ' incomparable bonté de S.A . a si genereusement pardonées (lett. 205)_ Toutefois, la rareté de ces tours témoigne de la volonté de se démarquer d'une écriture trop calquée sur la syntaxe latine. Deux exemples de que adver­ be remplaçant le pronom relatif construit avec préposition sont présents dans nos lettres29 (avec le mesme soin que je conserve mafoi, lett. 1 22; au cas que le Gouverneur de Saint-Michel . . . , lett. 1 00-A). Parfois, où est utilisé dans des cas où la langue moderne emploie un autre relatif (ex. Les peines où vous avés esté, lett. 1 0 1 ). Par contre, que remplace où dans la phrase au cas que le gou­ verneur (. .. ) (lett. 1 00-A). Pareillement, de qui est utilisé à la place de dont dans la phrase une maistresse de quije suis (. . . ), (lett. 1 36)30, mais nous n ' avons re­ levé aucun cas de confusion entre dont et d'où, assez commune à l'époque pour des raisons phonétiques. Le relatif est souvent éloigné de son antécédent: il y a eu quelque petite emotion ces jours passés, causée par les mfèvres, et que M. le Lieutenant Criminel ( ... ) vient de me raconter (lett. 1 63); Celuy quej' envoiei hier à cet hotelpour aprendre des nouvelles, qui est mon vicaire ( .. .) (lett. 1 22). En ce qui concerne les indéfinis, nous remarquerons l 'emploi généralement né­ gatif de aucun, rien: elle ne recevoit aucune nouvelle (lett. 1 35), ils ne s 'eston­ nent de rien (lett. 99); toutefois, dans la phrase je serois bien marri deperdre au­ cune occasion de luy envoyerdemes lettres (lett. 1 34) , aucune nous semble avoir le sens de toute, quelle qu' ellefût3 1 • Il en va de même pour la phrase une (. .. ) de­ plorable cheute causée bien plus veritablement par mon mal-heur que par au­ cuns crimes (lett. 2 1 0). Chacun et chaque se distinguent nettement: jamais cha­ cun n 'est utilisé en fonction d'adjectif. Pour l'emploi de l ' adj. tout, Bailly se conforme à la règle de Vaugelas selon laquelle l 'accord est limité aux cas où il dé­ termine un adjectif féminin32: les charmes toutpuissants (lett. 205), mais les lu­ mieres toutes puissantes, (lett. 1 90 ) . Quelque + subst. sing. est utilisé à côté du pluriel, dans le sens d"une petite quantité '33 (J'ay beau deliberer de laisserpas- 27 G. GOUGENHEIM, op. cit., p. 92. 28 A. HAASE, op. cit., p. 64; G. SPILLEBOUT, op. cit., p. 1 64. 29 A. HAASE, op. cil., p. 7 1 , par. 36 A, c. 30 Ibid., p. 63, rem. 3 1 fbid., p. 1 07, par. 50, B 3 2 /bid., p. 101 , par. 46.

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