La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 183 335 marque de la jonction des frondeurs avec le Souverain, pour detruire M. le P[rince] . Le voici: Mon Pere Je vous envoie la requeste presentée contre M. le Premier President par Mes sieurs de Beaufort, le Coadjuteur, et de Broussel, qui furent honteusement de boutés de leurs fins. Et M. le Premier President entra mardy dernier. L'affaire se passa si doucement, contre l ' ordinaire, que chacun dit d'abord qu'il y avait quelque mystere, car durant l 'assemblée, on dit qu' il n'y avait pas 50. persanes dans la sale du Palais. Mais aujourdhuy il y en a eu si grand nombre, qu'on ne le sçauroit croire. On dit, mais je ne l ' asseure pas, que tout le Parlement, et le Palais Royal se sont unis au parti des frondeurs pour rompre les desseins de M. le Prince, et le reste4. Je crois que V.A.R. sera bien aise que je luy escrive fidelement ce qu'on m' escrit confidemment de l 'emprisonement de M. des Aunaix5. / (f.2v) Elle me fera, s ' il luy plaist, la grace de s'en servir secretement, sans qu'on sçache d'où la nouvelle vient. On escrit que M. l ' Ambassadeur6 a voulu venger un affront que ce Lieutenant General avoit fait à un cavalier son parent, l ' aiant desarmé à la teste et en pre sence de toutes les trouppes, et qu'il a coloré son ressentiment de trahison, et d'intelligence avec l 'Espagnol. Qu'en un mot, c 'est la querelle de la maison de Servient. Que neantmoins, tout Paris fulmine contre Saint Aunaix, et approuve sa prison pour le mepris, dit-on, qu'il fit des persanes de V.AR . et de Monsei gneur, aiant bien osé passer par Thurin, et sortir du Piemont sans leur faire la reverence, et recevoir leurs commandements. Qu'aprés tout, les plus sensés avouent que ce prisonier a desservi le Roy, et qu'on ne devait rien attendre de 4 La lettre transcrite par Bailly est antérieure à l 'arrestation des princes de Condé et de Conti, ainsi que du duc de Longueville, qui eut lieu le 1 8 janvier 1 650. Effectivement, à la fin du mois de décembre 1649, le prétendu attentat contre Guy Joly, syndic des rentiers et ! 'attentat manqué contre Condé ( 1 1 décembre 1 649) amenèrent Mazarin à entamer des tractations avec les frondeurs contre le Prince, dont on craignait le pouvoir excessif. L'accord définitif entre le parti de la cour et les frondeurs prévoyait pour Gondi le chapeau de cardinal; il futconclu le 14 janvier, quatrejours avant l'arrestation des Princes, à l 'occasion de leur participation au conseil du roi (P. G. LORRIS, op. cit., pp. 1 40- 1 57). 5 Henri de Bourcier de Barry, sieur de Saint-Aunez, cf. lett. 154, n. 1 . 6 Ennemond Servient, ambassadeur de France à l a cour de Turin, cf. lett. 1 OO, n . 3.
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