La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

352 Correspondance d'A. Bailly - 1 649-1650 Monsieur le Chancelier, au contraire, entend mieux le Seau qu'homme de France, est tres humble, et veut ignorer les choses d'estat. Sur cela, on fait cette question: pourquoy donc faire ce changement? On attend la reponce de Rome.6/ (fD3v) Le bon Monsieur de Vaugelas est mort7, et tout le monde le regrette, car il a fait du bien à tout le monde, et n ' a jamais fait de mal qu'à soy mesme. II est mort oberé de 20.m escuss. Voila le gain qu'il a fait en cinquante ans qu'il a per­ dus à la court. Les officiers de Madame la P[rincesse] de C[arignan]9 ont scelé ses coffres, et les aiant ouverts, ils n ' y ont trouvé que la traduction de Quinte Curse l O com­ mencée depuis l ' an 1 625 et les memoires de ses debtes, et des arrerages qui luy sont deus, de sa pension. Madame Seguin, femme du premier medecin de la Reyne 1 1 , ne creint plus de perdre deux mille escus de rente que Madame sa tante I 2 pretendoit donner à Monsieur de Vaugelas en l 'epousant. Il serait bien que quelque bel esprit du 6 C'est-à-dire, de Mazarin, qui était l ' auteur de ce changement. 7 Sur la mort de Vaugelas, cf. lett. 1 88, 1 89 et A.M. C- 1 . 8 La pauvreté de Vaugelas est bien connue à l'époque; cf. par exemple TALLEMANT des R ÉA UX, op. cit., t. I, pp. 548-549; cf. aussi Cl. FAVRE de VAUGELAS, Remarques sur la languefrançaise. cit., pp. XXVI-XLVII et G. MüMBELLO, Vaugelasprécepteur (. ..) , cit., pp. 3 1 1 -3 1 3. 9 Vaugelas a été précepteur des enfants de la princesse de Carignan depuis 1647; cf. à ce sujet les lettres de Bailly à Saint-Thomas du 22 novembre 1647 et à la duchesse des 9 octobre et 6 mars 1648, ainsi que G. MOMBELLO, Une lettre inédite (. . .) (7janvier 1 650 ), cit., nn. 107- 109, pp. 38-39 et, du même auteur, Vaugelasprécepteur, cit.. IO La traduction de Quinte Curce, qui occupa Vaugelas pour plus de vingt ans, fut publiée en 1653 par Conrart et Chapelain (Quinte Curce de la vie et des actions d'Alexandre le Grande, De la Traduction deMonsieur de Vaugelas. Avec les Suppléments de Jean Freinshemius sur Quinte Curce. Traduits par feu Monsieur du Ryer, Lyon, Claude Chizé, 1 653. Une nouvelle édition due à Patru et publiée à partir de 1 659 atteste du succès dont jouit cette traduction au XVUC siècle. Sur cette traduction, cf. A. FRANÇOIS, 'Note sur le Quinte Curce' de Vaugelas, dans Mélanges de Philologie offerts à Ferdinand Brunot (. . .), Paris, Société Nouvelle de la Librairie d'Edition, 1 904, pp. 1 37-61 et G. MüMBELLO, Une lettre inédite ( . . . ) , 7jan v ier 1650, cit., pp. 35-40. 1 1 Anne le Vayer, morte en 1 652; en 1 644, elle avait épousé Claude Seguin sieur de Montdorcet, médecin ordinaire de la reine Anne d'Autriche, d'abord conjointement avec son oncle Pierre; en 1 641 il fut nommé premier médecin en chef de la reine (MORÉRI, op. cit., t. IX, p. 32 1 ; Biblio­ thèque Nationale de Paris, ms. Pièces Originales 2674 et Dossiers B leus 609 s.v. Seguin). Mme Séguin a été la dédicataire d'un poème de Gemrnine Habert, abbé de Cerisy, académicien, inti­ tulé Métamorphoses des yeux de Philis en astres, daté de 1 638. 1 2 Anne le Vayer était la fille de Pierre le Vayer et d'Anne Hubert; d'après la généalogie manus­ crite contenue dans le ms. Bibliothèque Nationale de Paris, Dossiers Bleus n. 660, s.v. Le Vayer,

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