La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

379 Au reste, Monsieur, je suis tres surpris, et tres affligé / (f0 l v) de la continuation des pleintes que vous faites contre moi, et pour des choses que j ' aurois plustost cru me devoir concilier l 'honneur de vostre bien veillance, que de m'en priver.s Vous blamés la hauteur avec laquelle je vous receus la demiere fois que vous m'avés veu, et l 'incivilité que je comis de passer auprés de vous sans vous aborder. Pour commencer par le second chef, ce fut le respect que je vous portei, qui m'en fit user de la sorte, car estant, comme vous estiés, en compagnie, je n 'osei pas vous aprocher de peur de vous importuner, outre que quelque persone m' aiant dit que vous ne vouliés jamais avoir de comerce avec moi, je ne voulus pas m'expo­ ser à un mauvais traitement, n'y estant point du tout acoutumé. / (t°2r) Et ce fut cette mesme raison qui me fit si long temps garder le silence quand vous eutes la bonté de m'entretenir, attendant tous-jours que vous vous explicassiés, et que j ' aprisse de vous mesme vos volontés et les motifs de vostre indignation. Enfin, voiant que vous ne me parliés point de ces choses qu'en l ' air, et sans venir au detail, alors je commencei de vous repondre, et de vous dire que je n'avois rien contre vous, et je disois la verité, estant certain que toutes ces bagatelles ne m'ont point changé, n 'estant pas assés foible pour ne pouvoir rien endurer de mes amis. Et ce fut, Monsieur, pour vous temoigner ma constance que je vous avois fait dire un peu auparavant par M. Cauli / (t°2v) que je serois toute ma vie vostre serviteur, quoi qu'il arrivat; c'est à dire, quand vous ne le voudriés pas, je persisterei, s 'il vous plaist, dans cette fermeté chrestienne. Et quoiqu' il me soit sensible d'avoir perdu, comme on me dit, vostre amitié, une chose me console, c'est que je n'ai point me­ ritécette disgrace, et qu 'estant plus constant que vous, je serei etemellement, Monsieur, vostre tres humble, et tres obeissant serviteur en Nostre Seigneur, D.Albert Bally. Ce sammedi matin. 5 Bailly fait allusion à la brouille avec le marquis de Saint-Thomas, commencée à la fin du mois d'avril (cf. lett. 1 19, 201 , 203, 206 et ss.).

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