La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 206 385 Je ne sçay comme on peut imposer cette violence à S.A. et à ces Messieurs. Et sans doubte le discours les surprendra. Tout le monde sçait, Mademoiselle, que Madame Royale m' a fait l 'honeur de me commander de demeurer à Thurin jusques à ce que le frere, et la sœur5 fussent accomodés, et que la longueur de la chose m 'aiant fait resoudre à demander un jour congé à S.A. aprés son disner, elle me fit cette mesme reponce: "Nous ne sommes \pas/ d'accord. Vous vous en voulez aller, et je veux que vous vous arretiez jusques à l 'accomodement auquel je vous ai emploié." Mais l 'auteur de la lettre n 'ignore pas qu'aiant pris congé de Madame au ValentinP seulement pour faire un voyage en Savoie, il me pria de ne le point faire6, et que l 'arrivée de M. le baron de Sainte Fricque7 à la court, mon ancien ami, soubs pretexte que je luy fusse necessaire pendant son sejour, servit à ce dessein, ce Baron aiant fait conoistre à Madame que je demeurois pour sa consolation, quoiqu'en effet ce fût pour le service de M. le Marquis8. Enfin, cette affaire estant terminée, je priei M. le marquis de Pianesse de per­ suader à nos Peres qu'il etoit necessaire que je retournasse à Paris, car ils sou­ haitoient que je m ' arretasse à Thurin pour leur interest particulier9. Et Madame 5 Nous croyons pouvoir affirmer qu'il s'agit du marquis de Lullin et de Marie de Genève, com­ tesse de Masin, pour la question du mariage de celle-ci. Bailly avait servi d'intermédiaire au mois de mars 1650, cf. lett. 1 92, n. 6. 6 Dans la lettre 203, Bailly écrivait à M.R. se trouvant au Valentin dans l 'espoir d'obtenir son congé; d'après les signatures apposées aux articles du R e gist r a Patenti Controllo Finanze, 1 650, la cour se trouvait souvent au Valentin aux mois de juillet et d'août. 7 Henri de Bault, baron de Sainte-Fricque, vicomte de Landes, seigneur de Noisy-le-Sec et deVille­ Roche, mort en 1692. li avait été nommé premier chambellan du duc Gaston d'Orléans en 1644, conseiller d'Etat en 1647, maréchal général de camp en 1 65 1 . Au cours de l'été 1 650, il avait été envoyé à la cour de Savoie pour annoncer la nouvelle de l'accouchement de la duchesse d'Orléans; il arrivaàTurin à la fin du mois d'août (cf. Gazette de Renaudot, 1650, p. 1 2 1 2) et pendant son séjour turinois, il fut chargé par la duchesse Christine de jouer le rôle d'intermédiaire entre elle et le duc d'Orléans, mais aussi celui d'informateur secret, comme Bailly. Pour cette raison, une sorte de rivalité débonnaire surgit entre ces deux personnages. La correspondance du baron de Sainte­ Fricque avec la cour turinoise commence le 23 septembre 1 650 et s'étend jusqu'en 1 663; elle a été transcrite par G. BERTOT (Correspondance inédite du baron de Sainte-Fricque. 1650-1652, mémoire de l'Université de Turin, Faculté des Lettres, a.a. 1 990-91 ) et par B. G RAIZZAR O (Corres­ pondance inéditedu baron de Sainte-Fricque, 1 653-1663, mémoire de l'Université de Turin, Faculté desLettres, a. a. 1 99 1 - 1 992). Surcepersonnage,cf. G. CHAIXD'EsT-ANGE, Dictionnairedesfamilles françaises anciennes ou notables à !afindu x1xe siècle, Paris, Vendôme, 1 983, pp. 56-57; J. VILLA!N, La France Moderne, Grand Dictionnaire généalogique, historique et biographique de la haute­ garonne etAriège, Montpellier, Firmin, Montane et Sicardi, 1 9 1 1, p. 955. 8 Le marquis de Lullin. 9 Il s'agit du différend entre les Barnabites de la Sainte-Maison de Thonon et le prieur Gillette, cf. lett. 1 42, n. 27 et lett. 1 85.

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