La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
388 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 tanteI6, Madame de Chavanes1 7, et tant d'autres persones à qui j ' ay parlé de vous temoigneront tous-jours avec quels respects je parle de vostre vertu. Et il faut bien que j 'en sois tres persuadé, puisqu 'en une si favorable, et juste occa sion que vous me donnés de vous attaquer, je jette les armesaa, et ne vous fais aucun reproche, pour n ' avoir rien à vous opposer. / (f'°4v) Tout ce que j ' ay à vous dire, chrestiennementbb, Mademoiselle, est que vous estes en estat de pe ché mortel, et qu'aucun prestre, pas mesme le Pape ne peut vous absoudre que vous n ' aiés fermé la plaie que vous m' avés faite en me rendant publiquement coupable des crimes dont je suis innocent. Ne vous flatés point, et gardés d' op poser que le M [arquis] vous a donné charge de me diffamer; Dieu commande bien de cacher les fautes de nostre prochein, mais non pas de les découvrir. Et il est inouy, qu'on soit obligé de venger la querelle, et les passions d ' autruy. Que je vous pleins, et comment desabuserez vous toute la Savoie, que vous avés remplie, et peut estre persuadée de mes crimes pretendus? Vous estes cau se, et coupable de toutes ces mortelles mesdisances. La lettre que vous avés eu ordre de publier pour me flaitrir sans resource est un libelle diffamatoire. Et les canons fulminent contre les auteurs, et les lecteurs de ces libelles. Il ne falloit pas aller si vitte, vous deviés garder cette satire, la supprimer, et obliger par cet te moderation celuy qui l ' a escritte, et celuy contre lequel elle est escritte. Or sus, de bon cœur, aprés m' avoir osté l 'honneur, je voudrois, et j 'en prens Dieu à témoin, perdre la vie pour vous faire obtenir le pardon de vostre peché. Ah, non, encore une fois, Mademoiselle, il ne faut jamais se vanger, et l ' homme a bien plus besoin d'estomac que de fiel. Que si mon exemple peut vous estre uti le, voiés comme j ' agis, et imités-moi. On dit que je sçay parler, et escrire.cc Ce la estant presupposé, celuy qui vous a si fort irrité [sic] contre moi, en vingt cinq ans qu ' il m' a aimé si fortement a certainement versé dans mon sein tous les secrets du sien, et neantmoins je tais sa confession, me contentant de faire la mienne. 0 Dieu, qui le croira jamais, que celuy qui devoit me tendre la main pourme tirer du precipice ait fait tant d'efforts pour m' abysmer? Enfin, confes sez que ma moderation est chrestienne, et non pas politique. \Car/ vous avés tous deux epuisé \vos/ forces et fait tout le mal que vous pouviés. Etdd au lieu de me vanger, je suis tousjours, 16 Claudine de Maillard de Tournon, sœur de la mère de Mlle de Rossillon; elle avait épousé Salomon de Murat, baron de La Croix. E. A. de FORAS, op. cit., suppl. s.v. Muratde La Croix. 1 7 Nous sommes incapables d'établir s'il s'agit de Bernardine de Michaille, femme de Philippe de Chavannes, seigneur de Reynex, ou bien Isabelle de Grailly, femme de François de Chavannes, frère du précédent, ou encore de Gasparde de Gerbaix de Sonnaz, femme de Charles de Chavannes, fils de Philippe. Cf. E. A. de FORAS, op. cit., t. 1, pp. 401 -402.
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