La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 208 399 Sa Magesté Imperiale caresseroit extraordinairement M. le marquis de Lulin, fort attendu, et estimé. 2°. Si Je mariage d'entre l 'Empereur, et la princesse de Mantoue6 estoit conclu, a repondu que non, et qu 'aiant demandé en partant à l 'Imperatrice Douairiere7, fille de Mantoue, si elle pouvoit la feliciter de l 'alliance de sa maison avec celle d'Autriche, rispose di non, e che non sapeva niente. Elle adjouta que cette Irnperatrice luy dit encore en italien qu'elle ne se mesleroit point de cette affaire. 3°. Elle s 'enquit tres curieusement de l 'age, de l 'embonpoint, et de l ' humeur de V.A.R. pour sa persone; elle en vit l 'image dans son petit tableau que je porte sur moi, et que je luy fis voir8. Elle J 'admira et le baisa pour les qualités mira culeuses dont Dieu a pris tant de soin d ' orner, et d'enrichir l ' ame de V.A.R.; j 'en fis le panegirique le moins mal qui me fût possible. Et ces deux expres sions du corps, et de l 'esprit de V.A. luy plurent si extraordinairement, qu'elle me dit qu 'elle ne s 'estonnoit pas si la feu Reyne vostre mere9 vous avoit aimé plus que ses autres filles. Je la suppliei de me faire l 'honneur de me dire • comment elle le sçavoit, et de qui. "De la propre bouche de feu sa mere", me repondit-elle, "qui me faisoit la grace de souffrir mes visites estant à Bruxelles10, où j ' estois mariée, et dame d ' honneur de l 'infante Isabellel l . " / (Fl v) Et pour les marques de la verité, elle me dit qu'elle se trouva un jour presente, que Sa Magesté receut deux lettres, l ' une de la Reyne d 'Angleterre, et l ' autre de V.A.R., par lesquelles vous luy demandiés toutes deux une sage femme pour vous servir en vos couches 1 2, et que la lettre de V.A.R. portant que vous n 'esperiés pas cette faveur de Sa Magesté, parce qu'aimant la Reyne d'Angleterre plus que vous, elle ne manqueroit pas de luy envoier cette sage femme par preference, elle dit à cette comtesse que sa fille de Savoye se trompoit, et qu'elle estoit la plus cherie de toutes. 6 L'allusion se réfère au mariage entre ) 'empereur Ferdinand et Eléonore de Gonzague, fille de Charles II duc de Mantoue. 7 Eléonore de Gonzague, morte en 1 655, femme de l'empereur Ferdinand II mort en 1 637. ' 8 Pour les portraits de la duchesse Christine reçus par Bailly en 1 649, cf. lett. 1 0 1 , n. 7. 9 Marie de Médicis ( 1 573- 1 642). 10 Après la Journée des Dupes ( 1 63 1 ) , Marie de Médicis fut exilée pour la troisième fois; après avoir été envoyée à Compiègne, elle quitta la France et se réfugia d'abord à Bruxelles, puis à Londres. 1 1 Isabelle-Claire-Eugénie, Infante d'Espagne ( 1566- 1 633). 12 L'anecdote se réfère peut-être à I 'année 1 636, pendant laquelle naquirent Adélaïde-Henriette, fille de la duchesse Christine, et Elizabeth, fille d'Henriette d'Angleterre.
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