La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

402 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 Son Eminence partit hier pour aller à la guerre, et pour traiter, comme on dit, avec le duc de Lorreine2 1 . Madame l a Princesse22 fait plus de bruit que jamais, et a presenté au-jour­ d'huy une requeste au Parlement pour la delivrance des Princes, laquelle, d ' un commun consentement, a esté communiquée aux gens du Roy. Mauvaise affaire. J ' envoie à V.A. la conjuration imprimée23 . / (f"2v) De Thurin Madame Royale fut ces jours passés à Saint Jean24, où elle entendit treize messes de genoux, et en fut tellement incomodée, qu 'elle en estoit aprés meconoissable. En qualité de son theologal, vous estes obligéb, en conscience, de la censurer de la bonne sorte. Reponce J'en ai demandé l ' advis de toute la Sorbonne, etc eu pour reponce que, si en qua­ lité de chrestienne, et de personne particuliere elle peut faire ces mortiffications, S.A. doit lesd moderer en qualité de duchesse de Savoie, et se conserver pour son fils, et pour ses peuples. Mais j'ai bien peur qu'elle ne reçoive point nos decisions, et ne continue ses exercices. Qu 'on s 'adresse à Monsieur Maurice25. 2 1 Cf. lett. 207, n. 4 ss. 22 Il s'agit de la princesse de Condé, Claire-Clémence de Maillé-Brézé, femme du Grand Condé; sa requête pour la libération des Princes fut présentée au parlement le 2 décembre; cette année-là, la rentrée du Parlement avait été retardée, sous prétexte d'une indisposition du premier président Molé. La délibération sur cette requête avait d'abord été fixée pour le mercredi 7 décembre, puis elle fut remise au 9, mais ce jour-là une lettre de cachet du roi imposait au Parlement de se rendre chez la reine, qui était indisposée et de surseoir toute délibération sur les princes; le I O, on remit encore une fois la délibération au mercredi suivant (le 14 décembre). Toutefois, à cette date une harangue du conseiller Deslandes-Payen rendit nécessaire la présence du duc d'Orléans, qui était absent; mais malgré la délégation envoyée le jour d'après, le duc ne se rendit pas au Parlement. Le lundi 19, une nouvelle lettre de cachet du roi interrompit l'assemblée du Parlement, de sorte que seulement le 30 décembre on délibéra de faire très humbles remontrances au roi pour la libération des Princes. Cf. J. VALLIER, t. II, pp. 230 SS. et DUBUISSON-AUBENAY, op. cil., t. I, pp. 34 1 ss.; cf. aussi M. MOLÉ, op. cil., pp. 86 ss. CHÉRUEL, op. cil., t. IV, pp. 202-204. 2 3 Le texte de la requête n'était pas joint à cette lettre. 2 4 Il s'agit de la cathédrale de Turin. 2 5 Le prince Maurice de Savoie, beau-frère de la duchesse.

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