La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 213 42 1 prudence dont Dieu l ' a si advantageusement ornée, pour comprendre qu 'il y a bien plus à esperer de la fidelité d'un homme qui a conscience, et qui sert sans aucun interest, que de celle d 'un autre qui n ' a point de creinte de Dieu, et publie de quitter le service quand on cessera de le combler de biens. Je commence donc. § J'eus hier une longue conference avec M. le comte de Briene / (f03v) et avec Madame sa femme, separement l ' un de l 'autre. Le comte, qui est mon ancien patron 1 6, et ami, fut ravi de joye quand je luy dis que V.AR. l 'estimait, et l ' aimait uniquement, et que j 'avais ordre de l 'en as seurer, et aussi de la confiance entiere qu 'elle a en son amitié. Aprés son compliment, il me jetta d 'abord sur le discours du mariage de Bavieres 1 7 , et dict qu ' en se resjouissant de cette alliance avec V.A.R. par ses lettres, i l n ' avait pu s 'empescher de luy temoigner la douleur que luy causait vostre prompte resolution, et que par son advis, il aurait fallu patienter encore quelques années. Je luy répondis que V.AR ., ornée de la plus haute prudence, avait consenti à ce mariage par une infinité de raisons puissantes, et invin cibles, dont les plus fortes, par mon sentiment, estaient le respect qu 'elle avait eu pour les desseins de la Reyne, qui s 'estoit assès expliqué, mesme à la comtesse de Vieillerval, que toute sa passion estait de faire l ' Infante d'Espagne1 8 sa niece Reyne de France 1 9, et que V.AR . ne voulait pas, par modestie, et par reverence, garder la princesse Adelaide comme une rivale, et comme obstacle aux pensées de Sa Magesté. 16 Nous n'avons pas pu reconstruire les relations qui auraient lié Bailly avec le comte de Brien ne. 1 7 C'est-à-dire le mariage d'Adélaïde-Henriette de Savoie, fille de la duchesse Christine (cf. lett. 1 35, n. 4), avec Ferdinandde Bavières, célébré le 8 décembre 1649; toute la documentation concernant ce mariage, dont les tractatives furent menées par les anlbassadeurs extraordinaires Lorenzo Nomis et Ghiron Villa, est conservée auxArchives de l'Etat de Turin, Corte, sous la cote CasaReale - Matri moni, m. 29 et à la BibliotecaReale de Turin, ms. Storia Patria 547 (Carte diplomtiche dirette al conte senatoreLorenzoNomis da! 1629 al 1650). 18 Marie-Thérèse, fille du roi d'Espagne Philippe IV (cf. lett. 1 30, n. 2). La reine Anne d' Autri che, sœur de Philippe IV, était donc sa tante. Marie-Thérèse n'épousera Louis XIV qu'après la naissance de son frère Charles Il, en 1 66 1 . l9 Par l e mariage avec Louis XIV.
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