La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 213 425 Madame la comtesse de Briene me dit cent belles choses de la generosité, et bonté de V.A.R., elevant jusques aux nues les riches tapisseries qu'elle luy a données, que c 'estoit trop, et qu 'elle ne sçavoit comment pouvoir reconoistre un si grand don. Elle adjouta qu'elle souhaiterait passionement d'escrire quelques fois à V.A.R., mais qu'elle n 'osoit en prendre la hardiesse. Et pour luy doner du courage, je luy dis tout ce que je pus de vostre incomparable bonté, qui souffrait bien ces l ibertés en des persanes de moindre condition. Enfin, pour l ' y engager, je luy dis que V.A. m' avoit donné charge de la voir, et de l ' asseurer de son affection, et qu'elle estait obligée d'en remercier V.A. et de rendre ce tesmoignage à ma diligence. Elle me promit de m 'envoier sa lettre aujour-d'huy, et je l 'attans. Ce comerce ne sera pas inutile à V.A., c 'est une archidevote, douée d'un grand esprit, qui voit toutes les bones compagnies, et est à tout moment auprés de la Reyne. Enfin, voici un gentil-homme qui m'aporte sa lettre. Je supplie tres humblement V.A. de luy faire une reponce obligeante. Elle me dit que Mademoiselle, estant hors d'espoir d'epouser l 'Empereur28, en avoit pour l ' i alliance du Roy, et que cetui-ci venant encor 'à manquer, elle pre tendoit au Roy de Hongrie29. Vanité des vanités, Madame, et toutes choses va nité30. Elle ne se mariera point, dit-on, si V.A.R. / (f°5v) ne la marie3 1 , et je me souviens d'avoir dit autresfois au comte Augustin des Lances32 que je ne pen sois pas que V.A.R. fit aucune diligence pour luy faire trouver un mari \tel que/i l'on pretend. Elle me comprend bien. Cette comtesse me dit encore que \de/ cent persones que V.A.R. oblige, il n ' y en a pas quatre qui ne soient ingrates, e t que c ' est une chose etrange, e t deplo rable\de voir une si bonne Maistresse commander à de si mauvais serviteurs/1. Je pris sur cela occasion de faire un sermon, plus qu'une apologie, des divines perfections de V.A.. Et pour ma consolation, M. le vicomte de Melun33, m'estant venu voir ce mattin, m' a dit que dans une compagnie illustre, on avoit 28 Ferdinand III, qui épousera Marie-Eléonore Gonzague, princesse de Mantoue. 29 Ferdinand-François, fils de l 'empereur Ferdinand III; il avait été élu roi de Hongrie en 1 647. 30 Ecclesiaste 1 :2. 31 I l s'agit d'une allusion à une alliance possible entre la Grande Mademoiselle et le jeune duc de Savoie, Charles-Emmanuel II, cf. lett. 1 30, n. 3. 32 Agostino delle Lanze, cf. lett. 1 22, n. 14. 33 François-Louis de l 'Arbaleste, vicomte de Melun, cf. lett. 140, n. 3.
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