La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

48 Corre;pondance d'A. Bailly - 1 649-1650 En effet je ne reçois aucunes nouvelles de V. A.R. depuis six semaines4, et comme j ' ay tous-jours estimé un supplice son silence, mesme quand elle ne m 'honoroit que rarement des pretieuses marques de son souvenir, mainte­ nant qu'elle avoit redoublé ces aimables faveurs\ certes leur soudaine privation ne peut du moins que d ' augmenter infiniment ma peine, et sans double elle l a consommeroit si, pour toute resource, j e n ' attribuais ce silence incomode à vostre maladie. Quel remede, Madame, que je ne puisse soulager mon infirmité, que par la vostre! Neantmoins j ' ai prié Dieu, et continue encore de le prier avec toute la chaleur que Je devoir, et la passion peuvent inspirer à un sujet tres fidele, et tres ardent serviteur, de guerir V.A.R. mesme quand elle devroit, en sa plus grande santé, perseverer dans son oubli, aimant mieux, aprés tout, souffrir la peine mortelle que me causeroit cet oubli, que celle que me feroit vostre mal . Mais en verité, j ' ay tort de faire ces pleintes, car outre que vostre tres partial Se­ cretaire6 les va censurer avec une inflexible rigueur, je devrois me souvenir de cette belle maxime, qu'il faut servir et ne point se rebuter, et qu'effectivement 4 La dernière lettre de M.R. à Bailly écrite en 1 648 a été reçue par notre prélat vers le 20 no­ vembre 1 648 (cf. série citée, m. 5 1 , fasc. 2, lettre 85; le brouillon de la lettre de M. R. n ' a pas été conservé). 5 Dans les derniers mois de 1 648, Bailly dit avoir reçu trois ou quatre lettres de la duchesse de Savoie, le 2, 1 6 et 23 octobre et le 20 novembre (A.S.T., Corte, serie cireé, m. 5 1 , fasc. 2, lett. 70/3-75, 74/2-78, 76/2-80, 85/2-88). 6 Guillaume-François Carron, marquis de Saint-Thomas, comte de Buttiglière, marquis de Sommerive ( 16 1 0- 1 677), fils de Jean Carron, premier secrétaire du duc de Savoie. En 1 630 il fut nommé secrétaire d 'Etat et des finances et de 1632 à 1 635 il séjourna à Paris. en tant que se­ crétaire d'ambassade. Il fut nommé premier secrétaire conjointement avec son père en 1 637 et à la mort de celui-ci, survenue en janvier 1 649, il fut le seul titulaire de la charge. En 1 663 son fils Charles-Joseph-Victor lui fut adjoint comme collaborateur. Guillaume-François ajouta aux fiefs paternels ceux cl' Aigueblanche, Sommariva Perno et Vottignasco, et il obtint l'érection en mar­ quisat de Saint-Thomas-de-Coeur. Son amitié avec Bailly date vraisemblablement des années 1 620, lorsqu'ils fréquentaient le collège à Chambéry; une brouille survenue en 1 650 fut la cau­ se de leur mésentente (cf. A.S.T., Corte, série citée. m. 56, fasc. 1 , lett. 28/l ) . C. Rosso Una hu­ rocrazia di antico regime: i segretari di stato dei duchi di Savoia. J - (1559-1637), Torino, De­ putazione Subalpina di Storia Patria, 1 992 ("Biblioteca di storia italiana recente, nuova serie'', n. 25) , p. 373-74; Dizionario Biograjïco degli Italiani, Roma, lstituto della Enciclopedia Italiana, 1 960-.. ., 32 vols publiés, t. XX, p. 759. M. L. ROUSSET, Les Archives de lafamille Carron de Saint-Thomas conservées à la "Villa San Tommaso" , cit., pp. 60-75, 1 90-9 1 .

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