La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
60 Correspondance c/'A . Bailly - 1649-1650 (f02r) Si le Parlement, qui est assemblé3, obeit au Roy,4 les choses iront bien, mais s ' il s 'opiniatre à ne vouloir plier, les gens de guerre, qui commencent de bloquer Paris5, y causeront d' epouventables desordres. Y.A.R., Madame, est tres heureuse d'estre hors de semblables tempestes6, et el le a maintenant la consolation de voir, du port, l ' agitation des autres. Les gens de bien prient Dieu que la Reyne, qui est au-jour-d' huy dans les peines où vous avés esté, en sorte aussi heureusement que vous, et qu 'elle voie le retour de sa Le récit de la fuite du roi est contenu dans le Journal du Parlemem. cil., livraison de janvier, p. 4 ss. et dans tous les mémoires du temps, en particul ier dans les mémoires de Mlle de Montpensier, I, pp. 1 97-99 et dans DuBUISSON-AUBENAY, op. cit . . t. l, p. 1 02. Dans sa lettre du 8 janvier 1 649, Gui Patin écrit à Spon des mots tout à fait semblables à ceux de Bailly : "Je ne sais pas ce qui arrivera d'un tel desordre; tout y est à craindre comme d'une extremi té" (Lettres de Guy Patin. 1 630- 1 6 72 , nouvelle édition par P. TRIAIRE, Paris, Champion, l 907 (t. I seulement paru), p. 63 1 ). 3 Le Parlement était assemblé dans la Grande Chambre dès le 6 janvier et ce même jour, il avait ordonné la garde aux portes de la ville comme réaction à la lettre de cachet du roi adressée au prévôt des marchands et échevins (le texte de cette lettre est contenu dans le Journal du Parle ment, cit. et dans les mémoires d'O. TALON, op. cit., p. 3 1 8) et justifiant l 'enlèvement du roi par la nécessité de protéger le monarque contre les desseins supposés de certains membres du Par lement, de vouloir se saisir de sa personne. Le 7, le roi avait fait parvenir au Parlement l 'ordre de se transférer à Montargis, mais le paquet contenant les lettres-patentes du roi ne fut pas ouvert par les conseillers, qui envoyèrent une députation des cours souveraines à Saint-Germain, pour demander le retour du roi à Paris et assurer la reine de la sincérité de la Compagnie. Les députés ne furent pas reçus de la reine, qui refusait de ramener le roi à Paris tant que le Parlement y se rait (la relation de la séance pendant laquelle Talon fit son rapport sur les faits de Saint-Germain est contenue soit dans les mémoires du premier avocat de la reine, op. cit., pp. 3 1 9-20, soit dans le journal d'Olivier Lefèvre d 'Ormesson ( Journal, éd. A. CHÉRUEL, Paris, Imprimerie Impéria le, 1860- 1 86 1 , 2 vols ("Documents inédits sur ! 'Histoire de France") , t. 1, p. 609- 1 2); le jour sui vant, une deuxième délégation, composée de représentants des corps de la Ville réussit à se fai re recevoir, mais ne put obtenir qu'un nouveau refus. Ce jour même, le Parlement avait rendu un arrêt contre Mazarin le déclarant perturbateur du repos public et avait ordonné la levée de troupes pour combattre l 'armée royale assiégeant Paris. Lorsqu'il écrivait sa lettre, Bailly n'était donc pas encore au courant de ces évènements. Pour le texte complet de l 'arrêt contre Mazarin, cf. Registres de /'Hôtel de Ville de Paris pendant la Fronde, éd. LE Roux DE LINCY et DOUET o' ARCQ, Paris, 1 846-1 848, 3 vols, t. 1, pp. 85-86 ; P. G. LORRIS, La Fronde, Paris, A. Michel, 1 96 1 , pp. 72-74; A. CHÉRUEL, Histoirede la France pendant la minoritédeLouis XIV, Paris, Ha chette, 4 vols, t. III, p. 1 45 ss. 4 Louis XlV ( 1 638- 1 7 1 5). 5 Cf. supra, note 3; formellement, le blocus commença après l'arrêt contre Mazarin et la consti tution des troupes de la ville de Paris. 6 L'allusion se réfère à la guerre civile au Piémont qui eut lieu de 1 638 à 1 640 entre les partisans de la duchesse Christine, régente pour son fils Charles-Emmanuel II et les "principistes", parti sans des princes Thomas et Maurice, beaux-frères de la duchesse. Cf. G. CLAREITA, Storia del la Reggenza (. . . ). cit., t. I, pp. 2 1 1 -396.
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