La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 105 73 Madame l ' ambassadrice de Servient 10 est tres obligée au genie qui Juy a inspi ré de sortir de Paris devant ces tumultes. Et j ' ay eü grande joye de lire la ma gnifique reception que V.A.R. luy a royalement faite, certainement elle est bien digne de ces marques de gratitude, car elle a tout emploié ici pour rendre des services utiles à V.A. et à Monseigneur' 1 . Je le sçai de bonne part. Et mon te moignage est d'autant plus innocent que je n 'ai pas eu l ' honeur de la con noistre, ni de la voir. Mais, Madame, que dirons-nous \du/ Roy d 'Angleterre? Hier la nouvelle vint de la continuation de son procés criminel qu'on luy fait soubs le nom de Charles Stuard, sans parler de sa dignité. Les accusations faites contre luy, et instruites ont esté par trois fois portées à la Chambre Basse, et enfin approu vées, et receues. La Chambre / (f"2r) des Seigneurs les a rejettées disant que le Roy n 'estoit point sujet aux loix, ni obligé de rendre compte de ses actions à ses sujets. Nonobstant ses oppositions, la Chambre Basse a ordoné qu'on passerait outre, et que Je procés de Charles Stuard serait fait, et parfait. Si bien que si Dieu ne protege ce Prince par un secours extraordinaire on le fera indubitable ment mourir1 2. Voila, Madame, la faute de ces seigneurs bien punie. Ce sont eux qui ont secoué le joug, et voulu partager l ' autorité avec le souverain, et maintenant ils sont esclaves de la populace. J'ay r 'enfermé dans cette lettre la copie d 'une lettre que M. le duc d'Orleans D a escritte à la ville de Montargis, qui a obei. Il y a tantost quinze jours que le Saint Sacrement est exposé jour et nuict dans les monasteres, pour la conser vation du Roy, et de la Reyne. Dieu par sa sainte grace les garde et le [sic] pro tege comme la prunelle de ses yeux, et aussi les persanes de V.A.R. et de Mon- 10 Justine de Bressac, fille de Henri de Bressac, bailli de Valence en Dauphiné et de Justine de Cossaing de Pusignan; elle était la femme d'Ennemond Servient, ambassadeur de France en Sa voie. MORÉRI, op. cit. , t. IX, p. 373. 11 Charles-Emmanuel li. 12 Cf. lettre 1 04, n. 3. 13 Gaston-Jean-Baptiste de Bourbon, duc d'Orléans ( 1 608-1 660), fils de Henri IV et de Marie de Médicis, frère de Louis XIII, d'Henriette d'Angleterre et de Christine de France, oncle de Louis XIV; depuis 1 643, il était lieutenant général du royaume et membre du Conseil de Ré gence. Cf. C. K. ABRAHAM, Gaston d' Orléans et sa cour: étude littéraire, Chapel Hill, Univer sity of North Carolina Press, 1 964; E. CALDICOTI, Gaston d'Orléans mécène et esprit curieux, dans L'Age d'or du mécénat ( 1598-1661 ) , par R. MousNIER et J. MESNARD, Paris, Ed. CNRS, 1985; G. DETHAN, Gaston d'Orléans, Paris, Fayard, 1 959. La copie de cette lettre n ' a pas été retrouvée dans la correspondance de Bailly.
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