La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 108 8 1 ferents dans ce temps là. S i bien que la trefve dure encore et ne finira que mar­ dy prochein3. J 'ay demandé à trois conseillers, qui m' ont dit cet arresté, ce qu' ils esperoient de cette conference, si nous aurions la paix ou la guerre, et si les interests des generaux4 ne feroient point d'obstacle au calme que chacun desire avec tant d 'ardeur. Ils m' ont repondu que la paix estoit infaillible, que le Parlement la vouloit, et qu'il estoit le maistre, les generaux n 'aiant que la simple conduitte des armesc, qu'on leur / (f"2r) ostera quand on voudrad. Monsieur le conseiller d ' Haligre5, fils du conseiller d 'Estat d ' Haligre6 et as­ sesseur de M. Je Sur-Intendant7, nous en avoit des-ja dit autant ici au col- 3 Molé s'était engagé à terminer les négociations dans quatre jours, mais un second prolonge­ ment de la suspension d'armes fut demandé et accordé le lundi 29 mars. 4 Cf. lettre 1 07, n. 1 1 ; quelques mémorialistes, parmi lesquels Mme de Motteville (op. cit., 4 vols, t. III, p. 87) soulignent l 'égoïsme des généraux et la part qu 'eurent leurs intérêts per­ sonnels dans leur engagement dans le Fronde; d ' autres, dont Talon surtout, font remarquer que les prétentions exagérées révélaient la volonté des généraux de ne pas arriver à un ac­ cord avec la cour, d'autant plus qu'ils avaient envoyé le marquis de Noirmoutier auprès de l 'archiduc Léopold avançant vers Paris, pour l 'assurer de la subsistance de son armée. En outre, le 27 mars Conti présenta de nouvelles requêtes au Parlement, et obtint qu'elles fus­ sent enregistrées et envoyées à Molé, conjointement avec la demande de surseoir au retour des députés à Paris jusqu'à ce que les intérêts des généraux ne fussent accomodés. Le refus de Molé fut ferme. 5 Michel d'Haligre, fils d'Etienne II d'Haligre; en 1 649, il était conseiller au Parlement de Paris; en 1 653, il fut nommé maître des requêtes et successivement intendant de Caen. Il mourut le lO août 1 66 1 . DBF. t. II, 1 936, col. 35-36. 6 Etienne II d'Haligre ( 1592- 1 677); conseiller d'Etat dès 1 635, en 1 645 il fut nommé conseiller du Roi pour tenir les états de la province de Languedoc et en 1 65 1 il fut reçu conseiller d'hon­ neur au Parlement de Paris. En 1 653, il eut la charge de directeur des finances pour six mois et l ' année successive il fut établi chef du conseil de Marine. Choisi par Louis XIV en 1 66 1 pour former son conseil des finances, il fut nommé garde des sceaux en 1 672 et deux ans plus tard il fut fait chancelier. DBF, t. II, 1 936, col. 24. 7 Charles de La Porte, duc de La Meilleraye ( 1 602- 1 664), eut la charge de grand maître de l'artillerie en 1 634 et celle de maréchal de France en 1 639; lieutenant général de la Haute et Basse Bretagne, il participa au siège de Gravelines en 1 644 et commanda l ' armée d 'Italie en 1 646. Il avait été nommé surintendant des finances en juillet 1 648, à la place de Particelli d'Emery, mais il démissionna le 8 avril 1 649 (cf. lett. 1 1 2, note 4). En 1 663, il fut nommé duc et pair. Cf. A. D. de L A FONTENELLE DE VAUDORÉ, Le maréchal de La Meilleraye, Paris, Derache, 1 839. Dans l'administration d'ancien régime, le surintedant des finances faisait partie du Conseil d'en Haut et état au nombre des ministres d'Etat; en matière de finances, il ordonnait les fonds en fixant, entre autres, les assignations des dépenses sur les recettes et le mode de paiement (par assignation ou au comptant); il faisait battre monnaie et en variait la valeur. R. MOUSNIER, op. cit., t. II, pp. 1 8 1 -83.

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