La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

82 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 lege8, il y a six jours, nous montrant une lettre que M. son pere luy en avait es­ critte, et pour des marques certaines que le Parlement veut la paix, ce mesme conseiller nous pria d'exhorter, ces festes, dans nos confessionaux, à la paix tous ceux qui se confesseraient à nous, et que plusieurs conseillers avaient ordre de voir les principaux bourgeois, et d 'essaier de les porter à la paix, et à l 'obeissance. Aussi est-on satisfait de ce Parlement à la Court. Dieu veuille que toute reussisse heureusement./ (f02v) On a depuis deux jours trouvé une cache de vaisselle d'argent, de tapis­ series, et d'autres meubles pretieux chez M. l ' abbé Mondin, appartenants à M. le Cardinal. Les commissaires de la Court en font l 'inventaire, e t passant tout maintenant dans le cloitre Nostre Dame, où cetAbbé loge depuis nos troubles9. J' ay veu sa maison remplie de gardes qui y sont en garnison, et les deputés tra­ vaillent avec diligence aprés cet inventaire. M. l ' abbé Mondin est allé à Saint Germain. Cantarini est sorti de prison 1 0 . V.A.R. sçaura sans doubte que les ge­ neraux ont renoncé à toutes leurs pretensions, et propositions, ne s'attachant qu' à une seule, et la plus importante, et plus mal aisée à leur octroyer def tou­ tesg, qui est l 'exclusion de Son Eminence du ministerel I . On croit ici neant­ moins qu' il subsistera. Je fais une tres humble reverence à V.A.R. et luy demande avec respect, et avec humilité la continuation de l 'honeur de ses bonnes graces, et les deux images 8 C'est-à-dire le couvent de Saint Eloi. 9 Cf. lett. 1 03, note 1 6; l'abbé Mondino était parti pour Saint-Germain le 26 mars (A.S.T., Cor­ te, LettereMinistri - Francia, m. 53, fasc. 3, lett. 8/1 ). 1 0 Thomas Cantarini, banquier d'origine italienne, était l'un des agents financiers de Mazarin qui contribuèrent le plus à son emichissement. Il était également banquier du roi. En janvier 1649, un procès fut intenté contre lui: on l'accusait d'avoir acquis des objets précieux pour le Cardinal, et de les garder chez lui. Toutefois, au début du mois de mars, il fut incarcéré non pas en conséquence de ce procès, mais pour ne pas avoir payé ) ' impôt que le Parlement lui avait imposé afin de contribuer à la défense de Paris. Ce fut la reine qui intervint personnellement pour le faire libérer . Cf. C. DU­ LONG, Mazarin et lesfrèresCenami, "Bibliothèque de !'Ecole des Chartes'', t. 144 ( 1 986), pp. 300- 54; Io., Mazarin et ses banquiers, dans Il Cardinale Mazarino in Francia ("Atti dei convegni lincei", n. 35), pp. 1 7-40; Io., Mazarin, ses banquiers etprête-nom, cit., pp. 85-93. 1 1 Les prétentions des généraux avaient indigné non seulement la cour, mais aussi la population de Paris; ce fut donc pour se justifier, que le 20 mars ils déclarèrent au Parlement que leurs re­ quêtes ne constituaient qu'une tentative de se garantir quelque sûreté au cas où Mazarin resterait au pouvoir, et qu'ils étaient prêts à y renoncer dès que le Cardinal serait chassé du Ministère. A cet effet, ils envoyèrent le comte de Maure à Rueil, pour qu'il apportât au président Molé le do­ cument contenant leur engagement à la cause du Parlement, mais le représentant des généraux n'obtint pas "grande satisfaction" (O. TALON, op. cit., p. 346).

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