La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
86 Correspondance d'A. Bailly - 1 649-1650 tions de Sedan4 , à quoi M. le Premier President repondit qu'il avoit sujet de se satisfaire puisque la Court embrassoit ses interests, et luy promettoit de solliciter vivement l 'execution de son traité auprés des ministres, et que, pour l 'estimation dont il avoit parlé, le Roy acheptoit assés cherement Sedan, puisque Sa Magesté la prenoit au denier soixante. Tant y a que ce Duc, repliquant à ce President, dit qu'il ne pretendoit point que son interest empescha la paix, et qu 'il estoit prest de la signer de son sang, sur quoi il receut de grands remerciments de Monsieur le Premier President et de M. le president de Mesme. M. le mareschal de La Motte Haudancourt parla tres civilement, et pour la paix5 . M. le duc de Beaufort dit quelque chose pour ses pretensions sur la Bre tagne6, mais i l n 'insista pas. M. le Coadjuteur de Paris?, qui avoit, comme on croit, fait remuer / (f02r) cette grande machine, ne dit mot. On croit qu 'il avoit 4 Par le traité qu'il avait dû signer en 1 642, après la conjuration de Cinq-Mars, le duc de Bouillon avait cédé la principauté de Sedan et Raucourt à la France (cf. lettre 1 03, note 6); dans le mé moire présenté au Parlement et à la cour par les généraux frondeurs et contenant leurs préten tions, le duc de Bouillon demandait donc des compensations pour Sedan, ainsi que le gouver nement d'Auvergne et le rétablissement de son frère Turenne dans ses biens et ses dignités. Le 30mars, Molé reçut une lettre du ministre Le Tellier, où celui-ci rendait compte au premier pré sident des négociations avec le représentant de Bouillon à Saint-Germain. L'estimation de la va leur de Sedan devait être faite par des commissaires députés par le Parlement et par la Chambre des Comptes de Paris. Toutefois, la cour avait offert d'ores et déjà au duc plus de cinq millions de livres pour la principauté de Sedan, ce qui constituait une rente de quatre-vingt-dix livres au denier soixante (ce qui correspond à environ 1 ,77%); le député du duc de Bouillon avait refusé cet offre et avait demandé neuf millions de livres, soit une rente de cent cinquante mille livres. Ces chiffres sont mentionnés aussi dans les lettres que l ' ambassadeur de Savoie, Ponte di Scar nafigi, et l ' abbé Mondin envoyèrent à M. R. au mois d'avril. Cf. M . MOLÉ , op. cit., t. III, pp. 485, 490-9 1 ; LEFÈVRE-o'ORMESSON, op. cit., t. I, p. 730; A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Fran cia, m. 53, fasc. l , n. 39/4 (Ponte); ibid., fasc. 2, lett. 1 0/4 (Mondino). Quant au duc d'Elbeuf, il demandait qu'on lui accordât le gouvernement de Montreuil que le comte de Lannoy lui avait promis en 1 648, lors du mariage de sa fille Anne avec !'aîné d'Elbeuf, Charles lII de Lorraine, prince d'Harcourt. Cf. M. MO L É , op. cit., t. UI, p. 455. 5 En décembre 1 642, La Mothe-Houdancourt avait défait et capturé en Catalogne dom Pedro d'Aragon, marquis de Povar, mais il n'avaitjamais touché les dix mille livres de la rançon de ce lui-ci à cause des accusations de malversations qui lui furent avancées; après sa libération, en 1 648, il avait accusé Mazarin d'avoir détourné l 'argent de la rançon. Les prétentions de La Mothe au printemps 1 649 concernaient donc la restitution de la rançon du marquis de Povar et plusieurs compensations, notamment la restitution de son régiment de Catalogne ainsi que celle des revenus, appointements et pensions depuis sa détention et finalement cent mille livres de dé fraiement pour les dépenses faites en Catalogne. C. DULONG, Leprocessus d'enrichissement (. .. ), cit., p. 382; M. MOLÉ, op. cit., t. III, p. 464. Cf. aussi lett. 1 24, n. 1 4. 6 Le duc de Beaufort demandait la grâce pour ses complices lors de son évasion de Vincennes et pour son père, le duc de Vendôme; il demandait aussi Je gouvernement de Bretagne, ou bien la
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