La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre JJO 87 esté gagné, au moins M. le Lieutenant Criminel m' a assûré qu'il fut, le jour pre cedent, trois grandes heures enfermé avec M. le Premier President. M. le prince de Conti parla pour la paix, et ne demanda que d 'estre conservé dans ses honeurs, et dans ses charges. Et enfin M. le duc de Longueville depe cha un courrier aux generaux, et à la court pour leur dire qu'il estoit content. Nostre president de Blameni fut le seul qui dit, en opinant, qu ' i l estoit bien d ' advis que la declaration du Roy fût enregitrée, mais qu ' il demandoit que ce fut à condition qu 'on insisteroit à faire r 'envoier en Italie M. le Cardinal et que pour cet effet les deputés retoumeroient à Saint Germain. On ne fit aucun estat de sa proposition&. Le dernier, M. de Bruxelles, grondant selon sa coutume, dit qu ' il ne se fioit point à / (f'2v) cette paix, et ne pouvoit point du tout consentir aux prests portés par la declaration. Mais tous ces mescontents n'ont point em pesché ce bien heureux enregitrement. Dieu merci, nous avons la paix, et hier on tira force boetes9 à la Maison de Ville, et on fit des feux de joye par tout. M. l e Nonce 1 0 vient d ' arriver de Saint Germain, et est maintenant chez nous, où il a assisté à l'office. Il m'a dit que cette paix a esté faite un peu trop tost, et que si elle eut esté prolongée pour quelque temps encore, cela auroit beaucoup ai dé, et contribué à la paix generale, dont on pourra à cette heure eluder le traité tres aisement. Voila, Madame, en abregé ce qui s'est passé dans la seance du charge de grandmaître des mers, qui lui avaient été enlevés par Richelieu pour les donner au ma réchal de La Meilleraye; ces mêmes prétentions avaient été avancées par la maison de Vendôme en 1 643, lors de la Cabale des Importants, mais craignant la puissance de cette maison, Mazarin avait amené la Reine à prendre pour elle-même le gouvernement de Bretagne, tout en livrant le pouvoir réel à La Meilleraye, qui avait été nommé lieutenant général de Haute et Basse Bre tagne. C H É R U E L , op. cit., t. I, pp. 1 52 et 1 77; M. MOLÉ, op. cil., t. III, p. 456. 7 Jean-François-Paul de Gondi ( 1 6 1 3- 1 679); depuis 1 643, il était coadjuteur de ) 'archevêque de Paris. Jean-François de Gondi, son oncle. En 1 652, il fut nommé cardinal de Retz. Son rôle dans les phases successives de la Fronde est des plus importants; pendant la conférence de Saint-Ger main, le Coadjuteur, qui avait compris le discrédit que les prétentions des généraux jetteraient sur ces derniers. avait été le seul à ne rien demander pour lui. Il est l'auteur de mémoires, publiés pour la première fois en 1 7 17. 8 L'intervention de Blancmesnil est rapportée aussi par O. TALON, op. cit., p. 352 et J. VALLIER, op. cil., t. I, p. 327. 9 Les boetes (=boîtes) étaient des petits mortiers lancés pendant les fêtes publiques. 10 Niccolo di Bagno ( 1 583- 1 663), archevêque d'Athènes et évêque de Sénigaille; il a été nonce en France de 1 643 à 1 653; en 1 657, il fut nommé cardinal par le Pape Alexandre VII; pour une analyse de la correspondance du nonce Di Bagno au cours de la Fronde, conservée auxArchives Vaticanes, Segretari di Stato. mm. 97 ss., cf. R. BELVEDERI, La Fronde dans les papiers des Nonces de France, dans La Fronde en questions, cit . . pp. 95- l 07.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=