La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Le/Ire li 2 9 1 car c 'estoit une terrible milice; j e crois que les gardes de V.A.R. l 'auroit desfaite, toute nombreuse qu'elle estoit. Je n ' ai jamais veu tant de drilles ni tant de courtauts. M. le mareschal de La Motte a esté le premier à crier la paix, et à faire un beau feu de joye dans sa rue. M. le Lieutenant Criminel vient d'arriver de Saint Germain, et aiant pris la peine de me venir voir, il m' a dict ces nouvelles: - Que M. le mareschal de La Melliaraye avoit renoncé à la sur-intendance4, et qu'on parloit de mettre en sa place ou M. Davau5, ou M. Servient, ou M. le pre­ sident de Maisons6, ou M. Tubeuf7. Ce dernier est tres habile homme, et tres in­ telligent en fait de finances. 4 La Meilleraye était devenu surintendant au mois de juillet 1648, à la place de Particelli d'Eme­ ry; il démissionna Je 8 avril 1 649 et il fut remplacé par Emery. Les surintendants étaient choisis en raison de leurs relations avec le monde des finances et de leur capacité d'en obtenir des par­ ticipations aux prêts. Leur rôle principal consistait à inspirer confiance et maintenir le crédit de l'état par l'assurance du remboursement et des gros intérêts. Ils étaient soit des nobles de race et des hommes d'épée, comme La Meilleraye, soit des membres de la haute robe, ou de la nobles­ se de fonction, tel Servient; plus rarement, ils étaient des hommes nouveaux issus du monde de la finance: c'est Je cas de Particelli d'Emery. En tout cas, ils étaient des créatures du premier mi­ nistre. R. MOU S N I ER , op. cit., t. Il, p. 1 83. 5 Claude de Mesmes, comte d'Avaux ( 1 595- 1 650), fils cadet de Jean-Jacques de Mesmes et d'An­ toinette de Grossaine, frère de Henri Il de Mesmes (cf. Jett. 1 07, note 2). Nommé surintendant des finances en 1643, il démissionna lorsqu ' il fut nommé plénipotentiaire à Münster, à l'occasion du traité de Westphalie ( 1 648) qui mit fin à la guerre de Trente Ans. Revenu en France avant la signa­ ture du traité à cause de sa mésentente avecAbel Servient, il aurait dû reprendre ses fonctions. en les partageant avec Emery, mais il ne fut rétabli que le 9 novembre 1 649. Démissionnaire le 26 mars 1 650, il mourut peu après. DBF, t. IV, col. 832-36. 6 René de Longueil, marquis de Maisons (mort en 1677), depuis 1642 président à mortier au Par­ lement, puis premier président de la Cour des Aides, il fut nommé gouverneur du château royal de Saint Germain en 1 645. Il sera nommé surintendant des finances seulement en 1 650; MORÉRI, op. cit., t. VI, p. 380; F. BLANCHARD, Les présidens à mortier du Parlement de Paris ( ...) en­ semble un catalogue de tous les conseillers ( ...), Paris, C. Besongne, 1 647, pp. 470-7 1 . 7 Jacques Tubeuf doit ses charges et sa fortune au cardinal Mazarin, à qui il avait loué en 1 643 son hôtel de la rueNeuve-des-Petits-Champs; à partir de cette date, ses charges se multiplièrent et il fut nommé successivement président de la Chambre des Comptes, intendant des finances d'Anne d'Autriche et enfin intendant des finances du royaume. En mars 1649, lors de la vente des meubles du Cardinal, Tubeuf exigea de celui-ci l'achat par contrat régulier de l'hôtel occupé par le Cardi­ nal; bien que le contrat eût été signé le 30 août 1649, en 1 650 il n ' en avait pas encore reçu l'argent. C. DULONG, Leprocessus ( ... ), cit., pp. 400 ss.

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