La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

92 Correspondance d'A . Bailly - 1 649-1650 - Que M. le duc de Beaufort ne cessait de remuer, quoiqu'en vain. / - W'2r) Que le Roy ni la court ne reviendraient point à Paris de cet esté8, et que, si les Parisiens deviennent sages, et souffrent amiablement les ancienes impo­ sitions, Sa Magesté y pourra venir l 'hyver prochein. - Que les six corps des marchands9 haranguerent à genoux Sa Magesté, la Reyne presente assise sur un fauteuil, M. le Cardinal, M. le Chancelier, et les autres officiers aussi presents, et que le Roy leur repartit avec beaucoup de magesté et de douceur en ces termes: "Mes bons amis,quand les affaires de mon royaume me le permettront.je vous irei voir" . - Que toutes les Courts ont aussi haranguélO, et que la Reyne leur dit la mesme chose, à sçavoir que quand les choses seraient en estat, elle aura egard à leurs prieres, aiant ouy leurs harangues, (le Roy tous-jours present) assise sur un fau­ teuil . / (f'2v) Que M. le Lieutenant Civil aiant, par meprise, dit à la Reyne, en ! 'haran­ guant, que ses serviteurs avaient bien souffert durant le blocus, que mesme on les huait par les rues, les appellant les masarins, cela luy deplût extremement, et luy fit tourner la teste à cet officier, et s ' en aller1 ' · Il n ' est pas tousjours bon de dire les verités, et pour moy, je n' ay garde de m' aller vanter à la Court, que revenant 8 En effet, la Reine, Mazarin et la cour suivirent l'armée d'abord à Compiègne, puis à Amiens pour suivre de près le siège de Cambrai et ne rentrèrent à Paris que le 18 août 1 649. 9 On appelait à Paris les six corps des marchands les six corporations marchandes qui étaient consi­ dérées au-dessus des autres; une ordonnance de 1 625 établissait que celles-ci étaient la draperie, la bonneterie, l 'épicerie, la mercerie, la pelleterie et l'orfèvrerie. Leur influence était considérable, puisque leur avis était demandé chaque fois que l 'intérêt du commerce ou de l 'industrie entrait en jeu. M. MARION, op. cit., p. 1 52. Laharangue du prévôt desmarchands eut lieu le 6 avril; la réponse de la Reine est rapportée par des termes semblables par J. VALLIER, op. cit., t. 1, p. 33 1 . Le texte de la harangue est contenu dans les Registres de /'Hôtel de Ville, t. II, pp. 8-1 1 . I O Le 8 avril, une députation de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aides et des corps de la Ville se rendit à Saint-Germain rendre grâces à la Reine pour la paix; la réponse d'Anne d'Au­ triche fut semblable à celle du 6 avril. Au cours desjours suivants, des députés du GrandConseil, du Châtelet, de l 'Université et du chapitre de Notre-Dame se rendirent également à Saint-Ger­ main, ainsi que tous les généraux frondeurs, à l'exception du duc de Beaufort et du Coadjuteur. Cf. J. V ALLIER, op. cit., t. 1, p. 3 3 1 SS. 1 1 Le lieutenant civil en 1 649 était Dreux D' Aubray. La Gazette de Renaudot, p. 147. rapporte de façon très diplomatique cette nouvelle: "Le 1 2, le Presidial de Paris se rendit à Saint-Germain rendre hommage à la Reine par la bouche du sieur D'Aubray lieutenant civil qui parla aussi tres­ elegamment".

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