La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 00 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Il essaia d ' entretenir pour la seconde fois M. le Prince, mais il luy répondit que, maintenant qu' il estoit en liberté, il auroit du• temps une autresfois à parler et, achevant // [f0 2r] ces mots, il sortit de la Citadelle avec les deux Princes et de Bar, qui les accompagna jusques au carrosse10• Ils allerent coucher à Harfleur; le lendemain à Rouen; le 3e jour à Bordeau le Vigni; le 4e ils disnerent à S. Denis en France, où M. le duc d'Orleans les alla recevoir et les amena le mesme jour, qui fut hier, à Paris1 1 • Ils arriverent en triurnphateurs, environés et suivis de tout Paris qui crioit incessamment: «Vive le Roy et Messieurs les Princes et point de Masarin». À quoi M. le Prince, servant d ' un agreable echo, repondoit: «Non, Messieurs, point de Masarin du tout. Asseurez-vous en». Il estoit à la portiere droitte du carrosse de M. le duc d'Orleans, auprés de S.A., qui fût tousjours couverte, et le Prince teste nue. À la portiere gauche estoit le prince de Conti entre Messieurs de Beaufort et le Coadjuteur. Et M. de Longueville au fond du carrosse. Le canon tira plusieurs fois, on fit des feux de j oye et toute la nuict la ville a esté eclairée du feu des fusées et de la mousqueterie de nos bourgeois, qui tirent encore sans cesse. Au sortir du Palais Royal, où la grimasse fit miracle, / [f° 2v] M. le duc d'Orleans mena les Princes en son palais de Luxembourg, où il les traita magnifiquement, et leur donna aprés le bal12• se rangea du côté des parlementaires et en janvier 1 650 il fut emprisonné avec ses beaux­ frères Conti et Condé. Après sa libération il se retira dans son gouvernement de Normandie. Cf. PèreANSELME, op. cit. , t. 1, p. l l O; Madeleine FOISIL, Parentèles etfidélités autour du duc de Longueville, gouverneur de Normandie, pendant la Fronde, dans Hommage à Roland Mousnier. Clientèles et .fidélités en Europe à l 'époque moderne, publié sous la direction de Yves Durand, Paris, P.U .F., 1 98 1 , pp. 153- 1 68. 10 Sur les tentatives de Mazarin de se reconcilier avec Condé cf. Mademoiselle de MOTIEVILLE (op. cit., p. 382): «Ensuite de ce repas M. le prince et M. le cardinal eurent ensamble une petite conversation. Le ministre fit sans doute tout ce qu'il put pour entrer en matière et eût bien vou�u par cet entretien renouer quelque liaison avec M. le prince, mais la suite fit voir qu'elle fut sèche puisqu'elle ne put produire rien de bon pour le ministre». 1 1 Ces nouvelles sur le parcours des princes et leur arrivées à Paris sont données entre autres par Dubuisson-Aubenay (cit. , t. Il, pp. 1 9-20). 12 Les princes arrivèrent à Paris le 16 février, accueillis très favorablement par la population.