La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

possier 220 1 05 :supprimer une apologie qui le condanneroit; M. Perraut adjouta que l' action du Tellier avoit mal edifié ce Prince. 2° Que la veille du jour que les Princes furent arretés la Reyne, tirant à part dans son cabinet M. le Prince et le Cardinal, pria plusieurs fois le premier (il' aimer le Cardinal, que cetui-ci seroit son serviteur, qu'elle luy en répondoit et qu' elle vouloit estre la depositaire de leur commune amitié. Et pour mieux persuader à M. le Prince que ces belles parolles sortoient du coeur, elle luy donna sa main toute nue à baiser six fois, ce qui servit de dernier piege au Prince, retournant aprés au Palais Roial contre les conseils du mareschal de Tureine, qui prevoioit le dessein qu' on avoit de l' arreter5• / [f0 1 v] Que, M. le Cardinal aiant proposé à M. le Prince d' aller conquerir Î e Royaume de Naples, il luy dit qu' aprés qu ' i l auroit achevé cette . expedition, il le prieroit d ' en commencer une autre pour luy, à sçavoir d' attaquer avec toutes les forces de France, la Sicile et de l ' en faire Roy, l' asseurant qu' il n' auroit pas en luy un mauvais voisin; et que ce fût sur çette proposition que le dit Perraut, parlant au Cardinal et le remerciant des bonnes volontés qu'il avoit pour son maistre, le pria de permettre que le Prince conquit la Franche Comté, qui luy estoit plus commode que le Royaume de Naples, adjoutant qu' il avoit lettres du Cardinal pour cela et gu ' il les feroit imprimer. Monsieur Servient, le ministre d' Estat, est en mauvaise posture, il ,Commence de s' absenter du Conseil et, effectivement, il n ' a point esté en ceux qui se sont tenus ches M. le duc d'Orleans depuis sept ou huict jours1• S . L'arrestation des princes avait eu lieu lel 8 janvier 1 650. Effectivement, afin de les capturer, un piège leur avait été tendu. Cf. Adolphe CH É RUEL, Histoire de France pendant la minorité. . . , cit. , t. III, pp. 355-387. ' 6 Mazarin avait proposé à Condé de conquerir Naples et la Sicile lors des révoltes qui Soulevèrent Naples en août 1 647. En septembre 1 647 Mazarin renonça à faire passer Condé eh Sicile. Cf. Henri d'Orléans, duc d'AUMALE, Histoire des princes de Condé pendant les XVI' et XVI/' siècles, Paris, Calmann-Lévy frères, 1 863- 1 896, 8 vol., t. V, pp. 1 68- 1 70. 1 Servient, considéré une créature de Mazarin et hostile à Condé, fut accusé et éloigné de là cour en juillet (Cf. doss. 240, note 1 ) . Chéruel (Histoire de la France pendant la minorité. . . , cit., t. IV, p. 24 1 ) explique que: «Gaston voulait s'assurer la majorité dans le conseil du roi en faisant exclure Servien, qu'aurait remplacé le duc d'Elbeulf, attaché à sa maison par la parenté et par la reconnaissance».