La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

IO Correspondance d'A. Bailly - 1651 ambassadeurs et secrétaires savoyards résidant à Paris envoyaient à la cour de Turin et dont elles constituent un complément précieux24• Elles se présentent sous forme de chroniques quotidiennes écrites dans un style nécessairement plus sec, presque <�ournalistique». Le souci principal de Bailly est celui de la netteté; son langage est clair et il fait preuve d ' une rigueur syntaxique et d'un esprit de suite remarquables25• Il se soumet aux exigences propres à la correspondance diplomatique 26• Il est extrêmement méticuleux dans ses récits, il relate les événements avec une grande préci s ion et une abondance de détails et très souvent i l mentionne l a source de ses renseignements. Toutefois, bien qu'inévitablement plus dépouillé et sobre, le style de gazettes ne paraît pas plat et monotone. Il s ' agit d' une prose dynamique et les artifices de la rhétorique lui permettent d' agrémenter son style en lui conférant un ton gai et parfois moqueur. La plus grande préoccupation de Bailly est celle de divertir et d' amuser ses correspondants27• Il ne veut à aucun prix ennuyer et, par son style, il s'efforce d'éveiller la curiosité et de stimuler constamment l' intérêt. 24 Les dépêches des ambassadeurs Ponte di Scarnafigi ( 1 648- 1 650) et Aglié ( 165 1 - 1 653), les lettres du secrétaire d'ambassade Ferraris et de l'aumônier Amoretti, de l'abbé Mondino et d'autres agents chargés de missions politiques, militaires ou financières sont conservées à l'Archivio di Stato di Torino sous les cotes AST, Corte, Lettere Ministri-Francia, liasses de 52 à 57. 25 Cf. doss. 236 B, ff. 2r-2v et doss. 220 B, ff. 1 r- 1v. 26 Pour ce qui est des caractéristiques de la correspondance diplomatique au XVII< siècle cf. Bruno NEVEU, Correspondances diplomatiques et informations, dans «XVII< siècle», n° 1 78, 1 993, pp. 45-59. 27 Il le dit lui-même dans plusieurs de ses lettres: «Je luy dirois bien d' autres choses et le comique melé avec le serieux l uy en rendrait le discours plus agreable» (La Correspondance d 'A lbert Bailly, cit. , vol. Il, lettre 1 83 du 29 j anvier 1 650, f0 2v); «Cette impertinente verve dont je ne puis bien encore lier, ni corriger la fogue, et les saillies et qui fait tous ses efforts pour communiquer à ma prose l'air, et les licences de la poesie» (Ibidem, lettre 1 9 1 du 25 mars 1 650, f0 3r); «Je ne sçaurois retrancher entierement le comique de mon stile surtout quand il faut qu' il supplée au serieux qui me manque» (Ibidem, lettre 1 92 du 25 mars 1 650, f0 Ir; «Tout ce que vous pouvés faire, Monsieur, et que je ne revoquerei jamais, c ' est de faire connoistre à S.A.R. que comme les genies sont differents, et les talents des esprits tres divers, les uns en ont pour le stile serieux et succinct, et les autres pour le stile gai et etendu. Vous luy dirés encore, s ' il vous plaist, que ceux ci sont plus propres à escrire que les premiers, parce qu'ils divertissent et eux mesmes, et i l est certain que le divertissment et le plaisir assaisonent agreablement le discours. Ce n'est pas assés qu'il ait des os, e t des nerfs, il faut luy donner de la peau, et de l ' embon-point» (Ibidem, lettre 1 34, 1 6 juin 1 649, fO 2r).

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