La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 222 1 23 Royaume en combustion et beaucoup comis8 les persones de Leurs Magestés. Et au dernier qu' ell' a crû de rendre un notable service / [f' 1 v] à la Reyne, en luy faisant une creature en l' alliance qu' elle desaprouve puisque, sa fille et elle estant toutes à Sa Magesté, l' epoux le sera de mesme. Voila, Madame, ses raisons et qui luy donnent la mesme liberté de voir la Reyne qu' elle avoir devant ces reproches. M. de Servient accommode ses affaires et on croit qu' il subsistera, aussi bien que M. de Lyone. Il se defend fort bien du blâme qu'on luy donne d' avoir empesché la paix.9• V.A. ne sçauroit croire la joye universelle qu' on temoigne au Palais Royal pour l' eloignement du Cardinal et la haine que tout le monde a pour luy, mesme ses familiers qui l ' appellent «tiran». Il faisot, disent-ils, la charge de tous les officiers: du chancelier, du sur­ intendant, du grandmaistre de l ' artillerie, des secretaires d' Estat et, aiant une fort mediocre capacité, il gastoit toutes les affaires, car il ne vouloit, par orgueil, suivre que son sens. Il a ruiné ses meilleurs amis, et je direi en confiance à V.A. que M. Servient n ' a pas du [sic] pain. On luy doit tous les frais de son ambassade et cent mille escus, d' une seule partie. Aussi peste-il comme il faut // [f" 2r] contre luy 1 0• M. Sillon1 1 , l ' un de ses secretaires, qui a fait le beau livre «De l' immortalité 8 «Ün dit commettre quelqu' un pour dire hasarder, l'exposer à recevoir quelque mortification, quelque revers. On dit commettre le nom et l'authorité de quelqu'un pour dire les employer en des ·choses de peu de conséquence ou les exposer mal-à-propos au mépris de ceux auprès desquels on les expose». Dictionnaire universelfrançais et latin, vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux, Nancy, Pierre Antoine, 1 740, 6 tomes, t. II, p. 663. 9 Sur l'éloignement de Servient, Lionne et Tellier cf. doss. 240, note 1 . 1 0 Servient avait été envoyé comme ambassadeur à Münster lors de la signature des traités de Westphalie. 1 1 Jean de Silhon ( 1 596- 1 667). Conseiller d' É tat, membre de l'Académie Française depuis 1 634, il était né à Sos, en Gascogne. li fut toujours lié à Mazarin dont il était le secrétaire et, à cause de son dévouement au cardinal, il dut subir des dénonciations de la part des frondeurs. Signalé comme messager de Mazarin, les contemporains le considéraient comme

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