La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 24 Correspondance d'A. Bailly - 1651 de l ' ame»12, dit qu'il le faisait enrager en luy donnant des ordres pour escrire des lettres, basses et indignes d ' un premier ministre, en Holande pour la provision des poudres, des mesches et des boulets. Enfin il est l ' objet d'un mepris general. Il n ' y a que les imprimeurs et les colporteurs qui pleignent son absence, disant qu' ils ne gagnent plus rien depuis son depart, qui a fait taire les poetes et cesser les satires qu'ils faisaient contre cette Eminence13• Elle est à Bouillon, dans le Liege14, qui est un chateau à hiboux et a escrit une longue lettre à laReyne, luy disant que, 25 ans de services qu'il a rendus à la France ne luy aiant pû faire obtenir une retraite chez elle, il la va chercher parmi les etrangers15• Le Roy dit l' autre jour à un ecclesiastique de ma connaissance, qui est son aumosnier16, ces propres parolles : «Je sçay bien que le Cardinal est un trompeur». le type parfait de !'écrivain à gage. Cf. René KERVILER, Jean de Silhon, l 'un des quarante fondateurs de l 'Académie Française, dans «Revue de Gascogne», 1 875, pp. 433-454, 493- 5 1 0, 529-544; 1 876, pp. 1 2-27. 12 En 1 634 Silhon avait publié De l 'immortalité de l 'âme, Paris, Billaine, 1 634. 13 Contrairement à ce que paraît affirmer Bailly, la quantité de mazarinades ne subit pas de baisse. Hubert Carrier (La presse de la Fronde, op. cit., t. ll, p. 356) remarque en outre que «Le départ en exil de Mazarin et l'eclipse que subit alors l'autorité royale rendirent, on le conçoit, tout à fait impossible la moindre répression contre les libelles j usqu' à la majorité du Roi». 14 Le château de Bouillon dépendait de !'évêché de Liège et appartenait à Maxirnilen-Henri de Bavière, archevêque de Cologne et évêque de Liège. Mazarin y séjourna du 1 4 au 27 mars. Chéruel (Histoire de la France pendant la minorité. . ., cit., t. IV, p. 286) cite une lettre q ue le Cardinal écrivit à Lionne dans laquelle il le décrit comme «une fort affreuse prison». A ce sujet cf. Carlo BRONNE, Quand Mazarin gouvernait la Fronde de Bouillon, dans «Revue Générale», 8, 1 972, pp. 53-63. 1 5 Bailly se réfère à une lettre que Mazarin écrivit à la reine le 26 février, dont le texte est reproduit par Madame de Motteville dans ses Mémoires (op. cit., p. 383). L'AST conserve une copie non achevée de cette lettre parmi des lettres inédites de Mazarin, sous la cote Corte, Lettere Ministri-Francia, liasse 65, fasc. 5, lettre 269. 16 Le clergé de la maison du roi comprenait le grand aumônier de France , . le premier aumônier, un aumônier ordinaire et huit aumôniers servant par quartier. Cf. Marcel MARION, op. cit. , pp. 346-347. II pourrait s'agir d'Eustache Picot, que Bailly connaissait bien. (Cf. doss. 237, note 3).
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