La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 222 1 25 La Reyne s' adoucit fort et ne veut plus qu' on parle du Cardinal. Elle possede entierement le Roy, qui est merveilleusement sage et discret / [f0 2v] mais S.A. est bien plus grandg, plus beau et plus vif. Mademoiselle espere tous-jours d' estre Reyne de France11, quoique la fine politique pense que l' aisnée du second mariage de Monsieur18 a plus de part à la Courone qu' elle. On parle aussi de donner la seconde 19 en mariage au duc d' Anguien. Entre plusieurs commentaires qu ' on fait sur l' insuffisance du Cardinal il y en a un fort remarquable. C' est qu'aiant negligé les conseils de M. Servient, de M. Le Tellier, de M. de Lyone et de quelques veritables amis qui luy dissuadaient de partir sans le Roy, il crut ses enemis reconciliés, M[adame] de Chevreuse, M. le Garde des Seaux et leur cabale qui le firent sortir tout seul. Il y auroit tant de choses à dire de ce pauvre homme, qu' on en feroit des volumes. Il est certain qu' il ne retournera plus et que les gardes qui se font aux portes sont des effetsh de la haine des grands frondeurs, qui voudraient rendre tous­ jours plus la Reyne odieuse à nos bourgeois20• Le traité de M. de Bouillon21 est conclu, on luy donne pour deux cent vingt mille livres de rente en domaine, à sçavoir // [f0 3r] les duchés; d'Albret, 1 7 La Grande Mademoiselle avait éspéré marier le futur roi mais s'était aussi intéressée à Charles-Emmanuel Il, duc de Savoie, Ferdinand d'Habsbourg et Ferdinand François (Cf. doss. 2 14, notes 22 et 23). 18 La première fille du second mariage de Gaston d' Orléans est Marguerite Louise, mademoiselle d'Orléans ( 1 645-1 72 1 ) . Elle épousa en 1661 Côme Ill de Médicis, grand­ duc de Toscane. Cf. DN, cit. , t. VIII, p. 583. 19 La seconde fille du second mariage de Gaston est É lisabeth-Marguerite, dite Mademoiselle d'Alençon ( 1 646- 1 696). Elle épousa en 1 667 Louis-Joseph de Lorraine, duc de Guise. Le mariage du fils de Condé avec l'une des filles de Gaston était l'une des clauses du traité d'union des Frondes du 30 janvier (Cf. doss 2 17, note 46). 20 Sur la garde des portes qui avait été établie à Paris cf. doss. 2 1 8, note 23 et 22 1 , note 2. 21 Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne, second duc de Bouillon, ( 1 605 - 1 652), frère de Turenne. Né à Sedan et élevé dans la foi calviniste, qu'il abandonna par la suite, il fut envoyé apprendre l' art militaire aux Pays Bas. En 1 635 il entra dans l ' armée française comme maréchal de camp à la tête de la cavalerie de l' armée de Flandre. En 1 642 il fut nommé lieutenant général et il combattit en Italie. La même année il fut arrêté pour avoir été

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