La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 34 Correspondance d'A. Bailly - 1651 La Reyne consent aux Estats Generaux pour le premier d' octobre, le Roy estant alors majeur. Pour dire à V.A.R. ce que la sçavante politique pense de cette grande affaire capable de ruiner le Royaume, elle dit que la Reyne fera expedier une declaration adressée au Parlement, qui en ce point est d' intelligence avec Sa Majesté, par laquelle le Roy deffendra à la //[f' 2r] noblesse de s' assembler et que le Parlement veriffiera. «Mais comment la faire executer facilement», dit-on, «et sans coup ferir?». Le Parlement deffendra à tous les bourgeois et habitants de Paris de loger et de recevoir aucun gentil-homme dans leurs maisons, à peine de la vie, et escrira une lettre circulaire à tous les Parlements de France 12 de declarer criminels tous les gentil-hommes de ce parti et de confisquer leurs biens, faute de se retirer ches eux. Et il est certain que, pour ne pas s'exposer à ces dangers, ils s' ecarteront et rompront ainsi l' assemblée. Voila, Madame, ce que j' entends dire à des persanes qui croient de voir clair dans les affaires du temps. Madame de Chevreuse, de laquelle la Reyne commence de se r' approcher, a escrit deux fois à V.A. pour la supplier de laisser passer son courrier, sans l ' arreter un moment, qu' elle envoie à Rome pour obtenir la dispense de la parenté de l'epoux et de l'epouse future et espere que vous aurés eu la bonté de luy accorder cette faveur13• Elle dit, l ' autre jour, mille biens de V.AR . en une compagnie illustre, et racompta la liaison qui estoit entre vous, feu Madame de la Vallette'4 et elle. 12 Les nobles réunis en assemblée avaient envoyé des lettres circulaires à tous les Parlements de France. Une copie est reproduite par Jean Dominique LASSAIGNE, op. cit. , p. 205. 13 Sur le mariage entre Mademoiselle de Cheveuse et le prince de Conti cf. doss. 2 1 7 , note 5 1 . Une parenté au quatrième dégré avait été trouvée pour retarder le mariage et une dispense à Rome avait été demandée. Cf. Adolphe CHÉRUEL, Histoire de France pendant la minorité. . ., cit. , t. IV, p. 309. 14 Gabrielle Angélique de la Valette (?-1 627). Fille naturelle d'Henri IV et de Catherine Henriette de Balzac d'Entragues, marquise de Verneuil, elle était demi-soeur de la duchesse de Savoie. Elle épousa en 1622 Bernard de la Valette, duc d'Épernon, mort en 1 66 1 . Elle était la mère de Louis-Charles-Gaston de Nogaret de la Valette, duc de Candale. Cf. DN, cit., t. XV, col. 22.