La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 223 1 35 Elle adjouta que vous airniés, alors, beaucoup les bijoux et demanda si vous les aimiés encore et qu' elle pensait à vous envoier quelque chose de rare. Un de vos serviteursct repondit que V.A.R. ferait tousjours grand estat de ses presents, comme de certains et pretieux gages de son amitié, mais qu' elle ne s'attachait, depuis sa florissante regence, à aucune bijoterie, ni bagatelle, ne s' occupant qu' aux plus importantes affaires de l'Etat et aux pratiques de la pieté, où elle passait presque les journées entieres15• En verité, Madame, elle temoigne d ' avoir des respects et des amours extremes pour la persane de V.A.R. , dont elle attend, . tousjours impatiemment, la lettre. / [f'° 2v J M. de Lesgue16 est un gentil-homme dauphinois, qui peut tout sur Madame de Chevreuse (les gaillards y adjoutent des ornements). Il est aussi tres puissant auprés de M. l e duc d' Orleans et gouverne absolument M. le Garde des Seaux et M. le Coadjuteur et, pour les marques de son pouvoir et du besoin que la Reyne en a, elle luy a donné la charge de Capitaine des gardes de M. le duc d'Anjou17, qui vaut cent mille escus. Il n ' est pas que V.A. ne soit informée de toutes ces choses. Il me vint voir mardi passé et me dit une infinité de choses, en une conversation de trois heures. Je ne luy escrirei que les principales, qui sont que V.A.R. face dire à Madame de Chevreuse, ou à luy, ce qu' elle desire• et qu' elle verrait de nobles effets de leur affection et de leurs services. 15 Sur la dévotion de Christine cf. Giuliana BRUGNELLI, Maria Bianca DENOYÉ POLLONE, op. cit., pp. 8 1 -83. 1 6 Geoffroy de Laigue, baron du Plessis-Patay et seigneur de Bondoufle ( 1 6 14- 1 674). Originaire du Dauphiné il avait été destiné à l'état ecclésiastique, mais il dut y renoncer à cause de son caractère turbulent. Il s'installa à Paris et il commanda une compagnie de gardes françaises. Il participa au siège de Gravelines et à la bataille de Lens. Maréchal de camp il se jeta dans la Fronde. Gondi le chargea de devenir l 'amant de la duchesse de Chevreuse et de s' approcher par elle aux authorités espagnoles. B ailly joint à sa correspondance une lettre de Laigue que nous transcrivons en appendice (lettre li). 17 Philippe de France duc d'Anjou ( 1 640- 1701), frère cadet du roi Louis XIV. Il prit le titre de duc d'Orléans à la mort de son oncle Gaston. En 1661 il épousa Henriette d'Angleterre, fille de Charles 1°' et d'Henriette de France. Veuf en 1 670, il se remaria avec Charlotte­ Élisabeth de Bavière, fille du comte palatin du Rhin. Cf. Philippe ERLANGER, Monsieur frère de Louis XIV, Paris, Hachette 1 95 3 ; Nancy BARKER, Brother to the Sun King: Philippe Duke ofOrléans, Baltimore, JohnHopkins University Press, 1989.