La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

12 Correspondance d'A. Bailly - 1651 L'analyse stylistique de la correspondance de 1 65 1 montre donc que Bailly a su s' approprier de toutes les ressources du genre épistolaire et qu' il l ' a pratiqué avec originalité, tant pour ce qui est de l a lettre mondaine que pour ce qui est des dépêches diplomatiques . En effet, bien que nous ayons souligné l'écart existant entre les lettres et les gazettes et mis en relief leurs traits saillants, nous pouvons affirmer que la personnalité et la sensibilité de notre barnabite, qui s'imposent dans son écriture, rendent sa production épistolaire essentiellement unitaire. Il possède la mesure du style et il sait l' adapter aux circonstances et au contenu, en s'efforçant de trouver le langage qui puisse l'exprimer de la façon la plus appropriée. Il recherche la pureté de la langue et il n' excède pas en ornements et en ostentation; sa spontanéité et sa vivacité s' accompagnent à la sobriété de son expression36• Il réussit à combiner les préceptes du genre épistolaire avec sa créativité et à les con j uguer dans un style équilibré et cohérent, tout à fait unique et sur la bonté duquel il plaisante: Au nom de Dieu, Monsieur, ne grondez point de ma façon d' escrire, je ne sçaurois faire autrement, c ' est mon génie, et mon talent; chaqu' un a le sien, ostés-moi de là, je suis plus insipide qu'un hareng trop desalé. C'est ce stile qui plaist à M. le Chancelier et à tous mes amis de Paris, et c ' est ce stile qui les a gagnés37• 2. Dans la tourmente de la Fronde Les lettres et les gazettes que nous transcrivons ont été adressées par le père Bailly à la cour de Turin en 1 65 1 . La ville de Paris, où il se trouve, traverse, ainsi que toute la France, une période de tension et d'inquiétude car, depuis deux ans, le pays est en proie à la Fronde38• 36 La remarque de Soter à propos du style du XVII0 siècle semble lui convenir parfaitement: «Au milieu du XVII< le goût des ornements coexistant avec les principes de Malherbe, avec le bon usage, avec la règle des images usitées, on arrive à tempérer le style» (lstvan SÔTER, La doctrine stylistique des rhétoriques du XVII' siècle, Budapest, Eggenbergen Kossuth, 1 937, p. 32). 37 La Correspondance d'Albert Bailly, cit., vol. li, lettre 1 84 du 28 janvier 1 650, f' 2r. 38 Après plus de quatre siècles et demi la période de la Fronde continue de poser des problèmes aux historiens à cause de sa complexité; l ' interprétation de certains épisodes reste encore ouverte et tout le dédale d'intrigues, de relations secrètes, de volte-face et d'alliances nouées et dénouées, n'est pas aisé à démêler. Nous nous bornons donc ici à donner quelques points de repère pour suivre le cours tourmenté de J' année 165 1 et nous renvoyons pour de plus amples renseignements à notre bibliographie.

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