La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 224 1 4 1 [f' 2r] pas moi mesme aller voir cette Duchesse à cause d'un grand rume dont je suis etrangement incommodé. Ainsi, sans envoier ni montrer la lettre de V.A.R., comme elle m' a ordonné, j ' ay, ainsi que je me persuade, suffisamment satisfait à son desir et à son dessein. . J' envoie un billet de la confidente de Madame de Chevreuse• à V.A. qui luy aprendra la passion qu'on a eu de voir sa lettre4• Au reste, j ' ay une joye nompareille, Madame, de me voir honoré de la continuation de ses commandements et en estat de pouvoir luy rendre quelque service, non seulement pour m' acquiter de mon devoir, mais pour reparer, par la constante estime que j 'espere que V.A.R. aura la bonté d ' en faire, la perte de celle de mes revoltés, qui ont oublié ce que j ' ay fait pour eux5 et que, par une louange à double entente, je veux comparer au soleil qui, aiant epuisé la terre de ses vapeurs et de ses exhalaisons, qui sont ses esprits et tout ce qu' elle a de meilleur, en fait, aprés, du nuage dont il se couvre pour ne la plus voir et mesme des meteores qu' il lance sur elle pour la dechirer. C' est, Madame, ce qui arrive souvent aux persones de vostre condition, de mepriser les services qu'on leur a rendus, ou mesme de faire semblant de ne les pas apercevoir, affin d' avoir un pretexte pour ne les pas reconoistre. Pour vous, Madame, V.A.R. est bien eloignée de ces maximes lasches et injustes et, quand je ne verrois point autant d' exemples de vostre gratitude que je vois de persanes qui vous ont rendu quelque service, tous-jours la protection et les graces infinies que je reçois à tout moment de vostre seule bonté, et que je n ' ay point meritées, me persuaderaient que celle qui fait du bien sans aucune obligation ne sçauroit manquer de satisfaire à ses debtes. 4 La confidente en question est Madame Masurier (doss. 2 1 4, note 27). La lettre qu'elle écrivit à la duchesse de Savoie, jointe à ce dossier, est transcrite en appendice, lettre C/3. 5 L'allusion se réfère aux problèmes que Bailly eut à Turin lors de son séjour en 1650. Cf. doss. 214, note 30.

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