La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 50 Correspondance d'A. Bailly - 1651 Je ne parle pas sans fondement. Je sçay que quelques persanes de condition vous pourront parler et proposer des liaisons de plusieurs et differentes sortes. Leur zele est louable mais les conjonctures et les incertitudes des affaires doivent rendre V. A.R. bien pesée et retenue à s' ouvrir à ces gens là, pour ne pas donner de la j alousie aux uns ou aux autres . Pour les puissances que j ' ay l' honeur d' aprocher, je les menagerei, Dieu aidant, avec tant de conduitte que, quelqu'important service qu' elles vous puissent rendre si elles avoient un jour du dessous, le parti victorieux ne pourrait pas mesme soupçoner que les veincus fussent conus de V. A.R. . Au reste, Madame, M. l e Prince est en reputation de servir à plats couverts tout le monde. Il donne de bonnes parolles à M. le duc d' Orleans , à l a noblesse, à l a Reyne, au Parlement et au peuple. Et l ' on remarqua hier que, se contentant de flater S.A.R. au Parlement de l'invincible attachement qu' il auroit à tous ses interests, il ne dit pas un mot sur les affaires dont estoit question mais, au mesme temps qu' il faisoit sa cour à S.A.R., le mareschal de Gramont, qui est sa bouche et son coeur, la faisoit pour luy au Parlement, soutenant et appuiant tous-jours le Premier President et ceux de sou parti2• Je n ' en ose pas escrire davantage sur tout aiant à faire à la plus eclairée Princesse du monde et qui doit aussi estre la meilleure de toutes pour me pardoner les licences que je prens de luy donner conseil a, c ' est à dire d' attacher des raions au soleil. Au moins, si je suis coupable d' audace, le zele y aura plus part que ma vanité, estant comme j e suis passionement, Madame, de V.A.R., le tres humble, tres obeissant et tres fidele sujet, D. A. B . . Ce 24 mars 1 65 1 . "conseil+s+ 2 Sur la séance du 23 mars, pendant laquelle Gaston attaqua Mazarin cf. DUBUISSON AUBENAY, cit, t. II, pp. 37-38; Journal du Parlement, cit. , pp. 67-69. Omer Talon, (op. cit., p. 424) remarque que: «ce discours de M. le duc d'Orléans avait été appuyé, mais faiblement, par M. le prince de Condé».
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