La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Dossier 225 1 53 pouvoir, comme i l se faisoit au commencement de la monarchie par l'ambition des Maires du Palais9• Ils veulent donque bien l ' expulsion du Masarin, mais ils veulent aussi que l ' autorité roiale soit conservée en son entier. Hier mattin, à l 'assemblée qui fût faite de toutes les Chambres, où assisterent Messieurs les Princes et plusieurs Ducs et Pairs, le Premier President fût plus de vingt fois attaqué par S .A.R. , mai s elle fût aussi puissamment relancée par' ce hardi President. Et on dit que jamais homme n ' a parlé si hardiment ni avec tant de vigueur10• Il [f" 2r] Monsieur dit qu ' on ne pouvoit procurer le calme à l'Estat tandis qu' il y auroit une cabale de masarins dans le Conseil et dans le Parlement, et que mesme on ne pouvoit traiter seurement avec la Reyne pandant qu' il y auroit des Servient, des Tellier, des Lione et des femmes de Navaille1 1 • Il traita neantmoins les premiers civilement, les appelant Messieurs. Le Premier President repondit que le Parlement ne prenoit pas le change et que, s'il y avoit quelques particuliers dans le Conseil, ou auprés de la Reyne, qui luy fussent desagreables, que c' estoit à luy d'en parler et qu' il avoit assés d' autorité et de credit pour les en éloigner, mais que le Parlement éstoit trop vivement pressé pour souffrir plus longtemps des assemblées illegitimes et contre le service du Roy. 9 Vers la fin du VJème siècle les maires du palais étaient des dignitaires devenus chefs de l'administration royale et qui, à cause du caractère héréditaire de leur charge, finirent, au vmème siècle, par supplanter la royauté mérovingienne. 10 Le 23 mars Gaston réclama au Parlement le renvoi de Le Tellier, Servien er Lionne et refusa de prendre part aux délibérations des conseils tant que Le Tellier serait en fonctions. Il s'absenta le 24, le 27 et le 30 mars. À propos du discours de Molé le Journal du Parlement (cit. , p. 68) remarque: «M. le Premier Président parla avec grande vigueur». Sur cette séance cf. aussi DUBUISSON-AUBENAY, cit., t. Il, pp. 37-38; Nicolas GOULAS, Mémoires, Paris, Renouard («Société de l 'Histoire de France»), 1 879- 1 882, 3 vol. t. III, p. 339; Omer TALON, cit. , pp. 424-425; Journal du Parlement, cit., pp. 67-69. Talon (op. cit. , p. 424) confume que «M. le duc d'Orléans ne put refuser». 1 1 Suzanne de Beaudéan de Neuillan, duchesse de Navailles ( 1 625- 1 700), fille d'honneur d'Anne d'Autriche, dame d'honneur de la reine Marie-Thérèse. Elle avait épousé Philippe de Montaut-Bénac, comte de Navailles.

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