La correspondance d'Albert Bailly Volume III Année 1651 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 54 Correspondance d'A. Bailly - 1651 M. le duc d'Orleans se remit encore à parler et à dire qu'on avoit fait mille efforts pour le des-unir d' avec M. le prince de Condé, et que c'estoit pour brouiller l 'Etat par cette division. M. le Prince prit alors la parolle et avoua qu' il estait vray, qu'on l ' avoit mille fois tenté de des-union mais que, bien loin d ' y avoir voulu entendre, il j urait de ne s ' eloigner j amais des sentiments, non plus que des interests de S.A.R. . Enfin, aprés mille eloquentes contestations faites d'un costé et d' autre, où M. le mareschal de Gramont se signala, S .A.R., tous-jours bonne, se rendit et demanda trois jours pour faire separer la Noblesse et contenter le Parlement en tous ses griefs, et alors il fut fait un arreté entre eux, qui ne se publiera / [f' 2v] point, et c'est pour cela que les gens de chiquane appellent en leur langue ces sortes d' arretés arrest sur le plumitif. M. le Premier President fut, aprés, au Palais Roial où le Roy et la Reyne le receurent avec tous les temoignages d' affection que des souverains peuvent rendre à un sujet, jusques là que le Roy l'embrassa plusieurs fois. Le plus grand sujet de haine que ce Premier President ait contre le Coadjuteur est parce qu' il a debusqué son fils Champlatreux de chez M. le Prince, car ce bon-homme adore ses enfants et c ' est là l ' unique tache de sa vie. Ce Prince est maintenant entierement gouverné par le Coadjuteur, aussi bien que le duc d' Orleans. Mardi au soir Monsieur, M. le Prince, M. le prince de Conti, Madame de Longueville et toute la suitte, soupperent à l ' hostel de Chevreuse et les articles dug mariage entre le Prince de Conti et Mademoiselle de Chevreuse furent signés et celebrés par les brindes acoutumés12• Le prince de Conti fut legerement blessé à la j ambe, au retour, dont neantmois il tient le lict. On n' attend que le retour du courrier qui est allé à Rome pour la dispense pour faire les nopces13, quelque bruit que face courir au contraire Madame de 12 Selon le ms. fr. 25025, f' 395v, le contrat de mariage fut signé le 2 1 mars. 13 Une parenté au quatrième dégré entre Mademoiselle de Chevreuse et Conti avait été le pretexte trouvé par Madame de Longueville et d'autres personnes pour retarder ce mariage. Une dispense avait été demandée à Rome.